« La technologie doit apporter de la fiabilité à l’acte mais n’a pas vocation à remplacer le médecin ou le chirurgien », juge Bertin Nahum, PDG et fondateur de Medtech, une société qui développe des robots chirurgicaux. Pour lui, « il est important de fixer des limites » mais c’est à la société de les définir et au législateur de « fixer le cadre dans lequel vont s’inscrire les innovateurs ».
La révolution numérique remet inévitablement le patient au cœur du système de santé. « Le patient 2.0 a une attitude moins passive qu’il y a 20 ou 30 ans par rapport aux soins qui lui sont prodigués, car il est davantage informé », souligne-t-il.
Le Pr Franck Chauvin, président de la commission « évaluation, prospective et stratégie » au Haut conseil de la santé publique met d’emblée le doigt sur le financement. « La santé coûte déjà 12 % du PIB de la France et la Sécurité sociale est en déficit de 13 milliards d’euros en 2014. Qui va payer pour toutes les innovations en santé ? Jusqu’où allons-nous puiser dans la caisse commune pour financer les biotechnologies ? ». Et de citer l’exemple des nouveaux traitements contre l’hépatite C coûtant « le prix d’une Porsche pour chaque patient ». Pour ce même expert, « il est illusoire de penser que tout le monde aura droit aux innovations. Mais personne n’est prêt à prendre ces décisions, car c’est un enjeu sociétal, pas seulement de santé ».
Le médecin face au Big data, au séquençage...
Alain Pluquet, directeur innovation chez BioMérieux, soulève la question du Big data. « À l’heure actuelle, nous n’avons pas les outils pour traiter ces tas de données produites. Et un médecin serait bien embêté si son patient venait en consultation avec une clé USB contenant le séquençage de son ADN ! », souligne-t-il.
« Il va falloir s’équiper pour gérer ces données, abonde Philippe Kourislky, biologiste et membre de l’Académie des sciences. On voit que certains acteurs non spécialisés en santé essaient de s’immiscer dans ce domaine via la gestion de ces Big data ».
Déjà, la santé connectée, nouvel eldorado industriel, comporte une cohorte de risques liés à la confidentialité. « La probabilité pour qu’un assureur se mêle de tout et puisse savoir combien on fait de pas par jour n’est pas nulle, expose le même expert. Dès lors, combien de temps fera-t-il payer de la même façon les patients qui marchent beaucoup et ceux qui sont sédentaires ? Aurons-nous encore longtemps un système d’assurance santé non différencié en fonction de facteurs de risques de chaque individu ? ».
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