Leur mission ? Repeupler les déserts médicaux

Les nouveaux référents à l’installation adoubés

Publié le 07/03/2013
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IL A PRIS ses fonctions le 1er février et chaque jour, il mesure un peu plus l’ampleur de sa tâche.

À 55 ans, Edmond Guillou est le "référent" à l’installation dans la région Centre. Expert en santé publique, il s’est investi ces dernières années dans la promotion de la santé. L’inspecteur "hors classe" a accepté le défi proposé par l’ancien directeur de son agence. « Il y a deux façons de voir les choses, explique-t-il, penser que faire venir des médecins dans les déserts est perdu d’avance ou croire au contraire que l’on peut mobiliser tous les acteurs. Je suis persuadé qu’il est possible de faire bouger les lignes ».

La mission est de taille. Le Centre est la deuxième région la moins dotée de France en médecins avec 242 praticiens en activité régulière pour 100 000 habitants (pour une moyenne nationale de 307). Pour résumer, « 350 communes de 33 bassins de vie de la région font partie des zones prioritaires », précise Edmond Guillou. De nombreux praticiens partiront à la retraite dans les 5 prochaines années. Illustration du manque d’attractivité de la région : seulement la moitié des médecins nouvellement inscrits au tableau de l’Ordre dans le Centre sont diplômés de cette région, souligne le CNOM dans son dernier Atlas de la démographie. 71 % des médecins d’Indre-et-Loire sont issus d’un pays autre que la France, 60 % sont d’origine roumaine.

Intermédiaire.

« Beaucoup d’étudiants et d’internes citadins n’imaginent pas s’installer en zone rurale ou dans un quartier urbain sensible », concède le référent du Centre. En moins d’un mois, Edmond Guillou a organisé une réunion d’information dans les six départements du Centre (Cher, Eure-et-Loir, Indre, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher et Loiret) et a rencontré la conférence régionale de santé (CRSA). Il a détaillé les 12 engagements du pacte territoire-santé de Marisol Touraine destiné à lutter contre la désertification médicale. Et il entend « se greffer » à toutes les manifestations et colloques qui seront organisés avec les jeunes médecins dans sa région comme le récent congrès national de l’ISNAR-IMG à Tours.

Le référent se conçoit comme un intermédiaire entre l’ensemble des acteurs : Ordre, assurance-maladie, collectivités, étudiants et des internes, et ARS. Il connaît sur le bout des doigts les aides disponibles pour les candidats à l’installation, confie quelques réticences sur le dispositif du praticien territorial de médecine générale (« 4000 euros, un médecin qui s’installerait dans la région les ferait du jour au lendemain ») et veut doper le contrat d’engagement de service public (CESP), bourse mensuelle de 1 200 euros brut, qui n’a intéressé que 30 candidats ces 3 dernières années. « Il faudrait peut-être réserver aux candidats un territoire dès la conclusion du contrat », se hasarde-t-il.

Pour obtenir des résultats, le référent propose de simplifier les aides (conventionnelles, des collectivités locales...) qui peuvent se concurrencer. Il veut faire appel aux maîtres de stage et promouvoir les maisons et pôles pluridisciplinaires (30 ouverts dans la région). « Si on réussit à travailler tous ensemble et à parler d’une même voix, on aura réussi quelque chose », conclut-il optimiste.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9224