LE CAHIER des charges qui définit l’organisation de la permanence des soins (PDS) en Bretagne a été validé par l’agence régionale de santé (ARS), le 1er juin dernier. Mais les médecins du Finistère n’approuvent pas ce dispositif qui ne répond pas, selon eux, aux besoins de la population de leur département, caractérisé par des côtes très découpées. Signe de leur mécontentement, le bureau de l’Association départementale d’organisation de la permanence des soins (ADOPS) du Finistère a décidé en avril de ne pas se représenter pour un nouveau mandat, ne souhaitant pas « devenir une courroie de transmission de l’ARS, alors que de nombreux problèmes, bien que posés depuis des années, n’étaient pas résolus ». Cette nouvelle organisation de la PDS, mise en place par l’ARS « réduit l’offre de soins sur le Finistère, aggrave les zones blanches et déstabilise les organisations existantes », regrette aujourd’hui la FMF Bretagne dans un communiqué.
Seulement deux praticiens mobiles.
Dans le Finistère, deux zones blanches ont été identifiées, où le temps d’intervention de l’aide médicale urgente (AMU) excède 20 minutes. Il s’agit de la presqu’île de Crozon dans la baie de Brest, et de la Côte des Abers, au nord-ouest du département. Or, le plan de l’ARS prévoit de confier les visites de PDS à des médecins mobiles à partir de 20 heures. Jusqu’à minuit (et en journée le week-end), ils seront 5 praticiens à sillonner le Finistère pour visiter les patients qui ne peuvent se déplacer. Entre minuit et 8 heures, ils ne seront plus que deux. « Ces deux médecins mobiles ne peuvent travailler de façon satisfaisante, regrette le Dr Benoît Feger, vice-président de la FMF, d’autant qu’ils sont parfois appelés pour des interventions relevant de l’AMU ». Les médecins impliqués dans la PDS ont demandé à plusieurs reprises que l’implantation des SAMU-SMUR soit revue dans le département, indique le Dr François Parenthoine, médecin généraliste à Crozon, de façon à améliorer leur délai d’intervention dans les zones blanches, mais rien n’y fait. Si ces services d’urgence disposent d’un hélicoptère, celui-ci ne décolle pas la nuit, ni lorsque le temps est agité. « Nous craignons aussi que, face à la non-réponse du SAMU dans un délai acceptable, les médecins généralistes exerçant dans les zones blanches soient sollicités directement pendant la nuit », continue le praticien qui estime à « parfois plus de 45 minutes » le temps d’intervention de ces véhicules médicalement équipés. Selon le Dr Feger, il faut « au moins 60 minutes la nuit pour qu’un SMUR arrive à l’extrême pointe de la presqu’île de Crozon ».
La FMF demande que la population soit dûment informée de la mise en place de cette nouvelle organisation. « Les patients à risque doivent être au courant, précise le Dr Patricia Coroller, membre de la FMF bretonne, de manière à ce qu’ils aient à disposition les médicaments dont ils pourraient avoir besoin en urgence ». Le Dr Feger redoute l’arrivée de l’été : « La population va augmenter avec l’arrivée des vacanciers, et les appels pour les vraies urgences n’auront pas de réponse ».
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