En cette fin 2022, la question du sort des soignants non vaccinés refait de nouveau surface. La cour d’appel de Paris vient, à la surprise générale, de réintégrer une infirmière de l’Institut Curie, spécialisée en sophrologie. Et, même si la décision est à évaluer à l’aune du contexte particulier de cet établissement et doit encore être confirmée par un jugement au fond, l’affaire pourrait donner des ailes aux opposants à l’obligation vaccinale des personnels hospitaliers. Ça bouge aussi à l’international : au point que la France pourrait bientôt être le dernier pays à refuser le retour au travail de ses soignants non vaccinés. En Italie, l’extrême droite, fidèle à une de ses promesses de campagne, a annoncé il y a 15 jours le retour des personnels concernés dans le giron hospitalier. En Grèce, le gouvernement a dû se résoudre - à son corps défendant, cette fois — à prendre la même décision. Et l’Allemagne (qui n’a jamais appliqué l’obligation de vaccination de ses personnels sanitaires avec beaucoup de célérité) devrait aussi décréter l’amnistie générale des soignants réfractaires au 1er janvier. À l’exception de la Hongrie, les autres pays européens n’ont pas ce problème, puisqu’aucun n’avait osé imposer la vaccination dans le monde de la santé.
La pression se fait donc de plus en plus forte sur l’équipe Macron-Borne. D’autant que la politique se mêle à son tour du sort de ces agents de santé antivax. Dans l’Hémicycle, le débat est même en train de virer au conflit franco-français. Fin novembre, la discussion d’une proposition de loi de Caroline Fiat -l’aide-soignante tenace de La France Insoumise — a bien failli virer au pugilat : l’aile gauche de la Nupes et certains élus ultramarins accusant les ténors de la majorité d’avoir joué la montre, en empêchant, de fait, un vote sur cette question sensible. Le débat est clos pour l’instant, mais ne manquera pas de rebondir, à l’occasion par exemple de la niche parlementaire du Rassemblement national qui, mi-janvier, pourrait à son tour se saisir de la question…
Face à ces offensives, Emmanuel Macron comme son ministre de la Santé campent sur une ligne imparable : l’exécutif calera sa position sur celle des autorités scientifiques. François Braun attend donc de nouveaux avis de la HAS et le CCNE, qui devraient tomber début 2023. D’ici là, pas question de transiger sur ce dossier. Les autorités n’y ont à vrai dire aucun intérêt : compte tenu de la faiblesse des effectifs concernés – une poignée de médecins et à peine 0,3 % des autres métiers hospitaliers —, ce n'est pas cela qui corrigera la pénurie actuelle (en tout cas en métrpole). D'autant que tout geste en direction des agents suspendus, signifierait de facto la fin de l’obligation vaccinale dans les cabinets et en institution. En pleine recrudescence de la pandémie de Covid, ce ne serait pas rendre service aux établissements et à leurs malades. Et cela donnerait aussi un très mauvais exemple au grand public. Alors qu'à peine 10 % des plus de 60 ans sont actuellement à jour de leur rappel de vaccin Covid en population générale, la priorité est de convaincre les hésitants et retardataires, pas de caresser dans le sens du poil les récalcitrants.
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