Alors que se prépare la réforme du reste à charge zéro en optique, dentaire et audition, un avis de projet de modification des modalités de prise en charge des aides auditives, publié au « JO » du 21 juin, risque de créer la discorde entre les médecins généralistes et les ORL.
De quoi s'agit-il ? Selon MG France, ce projet en l'état interdirait toute primo-prescription des appareils auditifs aux généralistes. « Aujourd'hui, les médecins généralistes peuvent prescrire les prothèses auditives. Si cet avis s'applique tel quel demain, seuls les médecins ORL auront le droit de la primo-prescription des appareils auditifs », se désole le Dr Jacques Battistoni, patron de MG France.
Pour le généraliste d'Ifs (Calvados), cette mesure serait non seulement « vexatoire » pour tous les médecins de famille mais elle aurait des effets négatifs pour les patients « qui risquent de reporter ou de renoncer à leur appareillage ». Cette mesure est jugée « incohérente » alors que l'État cherche à « limiter le reste à charge des patients lors de l'acquisition de ces équipements », analyse MG France.
Ni formés ni équipés
Les spécialistes ORL ne l'entendent pas de cette oreille. Le Syndicat national des médecins spécialisés en ORL et chirurgie cervico-faciale (SNORL) salue au contraire ce projet qui « va dans le sens d'une amélioration de la qualité du diagnostic et de la précision de la prescription des prothèses auditives ». « Je ne connais pas de cabinets de médecine générale équipés d'un microscope pour regarder le tympan ou d'une tympanométrie, assure ce lundi au « Quotidien » le Dr Nils Morel, président du SNORL. Les généralistes sont écartés de cette primo-prescription car ils ne sont ni formés, ni équipés de matériels adéquats pour détecter les pathologies. La pratique de l'audiométrie est stricte et il n'y a aucun doute que cela doit se faire par un ORL ».
Il rappelle que la formation initiale des ORL, dont le 3e cycle dure 6 ans, comporte – outre les enseignements anatomiques, physiologiques et chirurgicaux sur l’oreille – un semestre dédié à la pratique et à l’interprétation des explorations fonctionnelles cochléo-vestibulaires.
Les généralistes habitués à faire le tri
Des arguments qui ne convainquent guère les omnipraticiens. « Au cabinet, nous suivons des patients qui sont en perte d'audition en raison de leur âge, rétorque le Dr Battistoni (MG France). Par interrogatoire et examen clinique, nous éliminons les situations qui relèvent d'un ORL comme les vertiges, la surdité brusque ou encore une asymétrie. Le généraliste connaît les situations où l'intervention d'un ORL est nécessaire ».
Le syndicat de généralistes demande au gouvernement de revoir ce texte en limitant l'obligation de prescription d'un appareillage auditif par un ORL uniquement dans certaines situations pathologiques. « Certainement pas », réplique le Dr Morel (SNORL), qui reconnaît que cette prescription généraliste pourrait être éventuellement envisagée dans le cadre d'un renouvellement – une fois le diagnostic posé... À bon entendeur.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique