C'est la rencontre de trop. Le Dr Txomin Haran, médecin à Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques), a décidé d'exprimer son mécontentement à la suite d'une entrevue conventionnelle, demandée par le médecin-conseil de la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) de Bayonne et effectuée dans son cabinet. Durée de l'entretien : 50 minutes, avec une salle d'attente pleine.
Dans un courrier adressé à la Caisse de Bayonne, dont « le Quotidien » a eu copie, il dénonce la « dégradation par les CPAM des relations confraternelles et conventionnelles en imposant aux médecins de ville la facturation unilatérale mesquine de leurs relations ». Car lorsque le médecin veut appeler sa caisse, l'entretien lui est facturé, à raison de 6 centimes la minute (numéro violet).
Ce tarif n'est pas l'apanage de la caisse des Pyrénées-Atlantiques. Nombreuses sont les CPAM qui affichent des appels facturés 6 centimes la minute sur leur site, comme à Paris, dans le Morbihan, le Bas-Rhin, le Doubs ou encore la Charente.
« Au-delà du fait que cet entretien avec le médecin-conseil se fasse pendant la journée, en faisant attendre les patients, le fait de nous facturer lorsqu'on les appelle donne l'impression d'une posture hiérarchique de la Sécu vis-à-vis des médecins, se désole le Dr Haran au « Quotidien ». Or nous sommes censés être des partenaires et ces entretiens ont pour but d'améliorer nos pratiques et donc notre efficience. »
Désenchantement
Pour le généraliste de 38 ans, ce n'est pas tant « une question d'argent », mais bien une façon d'exprimer un ras-le-bol général. « Au fil des années, nous avons de plus en plus de travail administratif à faire pour l'Assurance-maladie, mais nous n'avons rien en retour, déplore-t-il. Lorsque je me suis installé il y a 5 ans, j'avais un regard « naïf » sur les relations avec la Sécu, mais j'ai vite déchanté, entre les rejets de paiement en tiers payant et les courriers pour surprescription de transports par rapport aux statistiques du département. »
Selon le Dr Haran, en dépit des efforts de l'Assurance-maladie, « il y a peu de collaboration de la part de la caisse et la réciprocité avec nos pairs qui y travaillent n'existe pas ». « Ce n'est pas ça l'esprit conventionnel », conclut le médecin qui demande que les médecins ne soient « plus taxés pour joindre leurs homologues de la CPAM ».
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique
« Cela correspond totalement à mes valeurs », témoigne la Dr Boizard, volontaire de Médecins solidaires
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »