Nantes (44)
Dr Alain Mossan
Ceci est une lettre ouverte au ministre de la Santé.
Actuellement en France, les médecins généralistes, médecins de famille disparaissent sur tout le territoire ; en campagne mais également en ville, les déserts médicaux sont partout. Un généraliste partant en retraite sur 25 trouvant un successeur et un seul médecin généraliste diplômé sur 10 s’installant en libéral.
Je suis pour ma part médecin généraliste dans une grande ville de l’ouest, très agréable, très recherchée par les cadres. Je suis installé dans une Maison Médicale créée il y a 22 ans, regroupant 3 praticiens exerçant dans des conditions idéales (secrétariat, locaux adaptés, salle de repos, parkings…).
Nous sommes 2 médecins atteignant l’âge de la retraite, 65 et 68 ans, et nous éprouvons les plus grandes difficultés à trouver des successeurs. Nous envisageons même de transformer la Maison Médicale en pizzeria, fleuriste, ou succursale bancaire, quelle tristesse !
• Un diplômé de médecine générale sur 10 s’installe donc actuellement en France (contrairement aux différents spécialistes).
Nous avons beaucoup plus de diplômés en MG qu’en Grande-Bretagne et en Allemagne, par exemple. Il ne s’agit donc pas d’un problème de numerus clausus (…).
• Que font les médecins généralistes diplômés ?
- Certains ne font et ne vivent que de remplacements, heureux de garder 70 % des honoraires perçus, sans payer de frais de fonctionnement.
- Beaucoup recherchent un statut de salarié.
- Un grand nombre s’oriente vers la médecine à exercice particulier.
- D’autres enfin exercent une profession totalement différente (journalisme, laboratoire, activité artistique par exemple).
• Pourquoi 9 diplômés sur 10 ne s’installent-ils pas ?
Reprécisons qu’il n’y a aucune désaffection pour les études de médecine qui attirent toujours autant d’étudiants en première année malgré la difficulté du concours.
Malheureusement, ce sont essentiellement des raisons financières qui expliquent cette réticence à l’installation des jeunes diplômés généralistes. Rappelons que nous avons la consultation la moins chère d’Europe avec la Grèce. (…)
Ne faisons pas le procès de la féminisation de la profession, qui est bien réelle, mais n’explique pas cette désertification. En effet, nous constatons que de nombreuses spécialités réputées difficiles par leurs exigences d’horaires ou même physiques sont de plus en plus investies par les femmes. (…)
• Existe-t-il des remèdes à cette maladie de la médecine générale ?
Oui ! Oui et oui ! Mais ceux-ci sont urgents pour sauver le malade et demandent une bonne analyse, une bonne explication :
- L’outil de travail devrait être de plus en plus une maison médicale pluridisciplinaire permettant un travail en groupe (comme la nôtre), financée par les municipalités ou les régions, les médecins étant locataires de leur structure de travail (…). Tous les jeunes médecins se renseignant sur notre succession sont effarés par nos frais (50 %) et demandent immédiatement comment diminuer le secrétariat. Quelle paupérisation pour notre profession !
- La nomenclature doit évoluer. Il est sans doute trop tard pour l’ajuster à celle des autres pays européens, mais des mesures urgentes sont indispensables pour réanimer le malade. (…)
• Oui, la médecine générale bien faite est attirante et source d’économies.
La médecine est magnifique, en progrès chaque jour, elle nous procure une qualité et une durée de vie en constante augmentation. (…)
Augustine ou l’imposture au grand jour
Paris (75)
Dr Gilles Seban
Augustine est la célèbre patiente du Pr Charcot de la Salpêtrière du XIXe siècle. Les troubles dont elle souffre sont de nature hystérique selon l’éclairage de la psychanalyse. En l’occurrence, ils empruntent des voies physiopathologiques mais ils sont dits factices car ne relèvent d’aucune affection neuro-anatomique avérée. Ils procèdent d’un désordre psychopathologique que la clinique freudienne a rattaché à un fait inconscient dont le sens trouve sa source dans l’histoire du sujet.
À cet égard, la psychanalyse ouvre un domaine d’investigation étendant au Savoir inconscient. Elle appartient aux sciences humaines.
La connaissance du cerveau, elle, est du côté de la neurologie. Ainsi existe-t-il des faits neuro-anatomo-pathologiques qui font l’objet de diagnostics et de traitements médicaux. La neurologie est une science à part entière.
En revanche, la psychiatrie n’a jamais fait la preuve de son existence. De facto, il n’y a pas de fait psychiatrique à proprement parler et les multiples descriptions cliniques ne s’appuient sur aucune réalité tangible, psycho-anatomo-pathologique. Certes, les neurosciences, pour leur part, apportent à cette spécialité médicale un champ de recherches et d’études intéressant. En la matière, la psychopharmacologie offre d’ailleurs des réponses aux désordres qui relèvent de la psychiatrie. Mais les neurosciences n’apportent pas pour autant à la psychiatrie une plus grande spécificité. Au contraire, elles ne font que rapprocher la psychiatrie de la neurologie, qui étaient, du reste, autrefois, l’une et l’autre regroupées sous l’appellation « neuro-psychiatrie ».
En somme, il n’y aurait que deux faits distincts : le fait neurologique du côté des pathologies du cerveau ; et le fait psychique qui appartient, soit au domaine de la psychologie du champ du conscient, soit, au domaine de la psychanalyse de l’espace inconscient.
TVA et esthétique : et maintenant ?
Lamorlaye (60)
Dr Serge Plot
Votre article paru le 10 novembre 2012 sur la TVA appliquée aux actes d’esthétiques me fait réagir.
1) Les examens complémentaires, qui ne sont pas remboursés dans les cas de chirurgie esthétique, devraient donc être soumis à la TVA : examens de laboratoire, radios (mammographie pour chirurgie mammaire voire écho pour liposuccion), bilan cardio-vasculaire, bilan psychologique, etc.
2) L’implantologie et autre couronne à visée plus esthétique que réellement fonctionnelle ne devraient échapper au même devoir civique (il est vrai que nos amis « chirurgiens-dentistes » ont toujours été mieux défendus par leur Ordre).
3) Il est surprenant de vouloir dispenser nos anesthésistes, pour leur consultation préopératoire, de cette TVA sous prétexte d’empêcher la souffrance des patients. Mais ce ne sont pas des patients à proprement parler mais des candidats volontaires pour un acte chirurgical dont la finalité n’est pas la santé mais l’apparence et qui nécessite obligatoirement une certaine sédation. Si les fonctionnaires de Bercy compatissants dès que l’on évoque la douleur (comme les médias) allaient au fond de leur raisonnement, il serait même normal que l’acte d’anesthésie soit remboursé par la Sécurité sociale et que l’arrêt de travail, qui est en principe l’impossibilité pour un individu de travailler à cause de son état physique, soit aussi pris en charge, ce qui est interdit actuellement (contrairement aux suites d’un accident de ski ou de parapente ou autres activités de loisir).
Si Bercy persiste, il faudrait décortiquer les honoraires du chirurgien pour savoir ce qui revient à l’acte chirurgical proprement dit et au soulagement de la douleur induite (anesthésie locale, hypoanalgésie, prémédication, etc.), avec l’interrogation sur l’application de la TVA pour les substances utilisées ou prescrites en pré-, per- et post-opératoire (y compris le fait de rédiger une ordonnance donc un acte médical en vue de soulager une souffrance). Tout cela était inclus, et heureusement, dans notre devis ! Et maintenant ?
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