DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
AMBIANCE de transition pour les 31 CHU, 50 ans en 2008, et conscients d’être à la veille d’une grande mue puisqu’une profonde réforme, l’Élysée en a décidé ainsi, sera proposée à la fin du mois de mars 2009 par la mission Marescaux.
Un trimestre, c’est court pour redéfinir l’organisation et le financement du fameux triptyque soin enseignement recherche, pilier de la réforme Debré. Dans les coulisses des Assises hospitalo-universitaires, les supputations sont allées bon train. « La copie est déjà écrite par l’Élysée », croient savoir certains. Ce à quoi le Pr Arnold Munnich, conseiller auprès de Nicolas Sarkozy, apporte un démenti catégorique : « Rien n’est bouclé ». Des orientations sont tout de même fortement suggérées. Le contrat et la mobilité, deux mots clés employés par Nicolas Sarkozy dans sa lettre de mission au Pr Marescaux, ont été repris par le Pr Munnich à Lille.
Pour sa part, la ministre de la Santé, dans son discours, ne s’est pas étendue sur le sujet. Elle a en revanche annoncé la création de 200 postes d’assistants spécialistes dans les CHU afin de « favoriser l’installation (des étudiants) dans la région où ils ont effectué leurs études ». Le président de la Conférence des doyens, le Pr Christian Thuilliez, s’en est félicité. « Si ces postes sont attribués dans les zones sous-médicalisées, nous pourrons enfin garder en région les internes que nous formons. C’est très important ». Les internes (ISNIH) ont réagi dans le même sens.
Moins consensuel est apparu le débat sur la démographie médicale, pourtant lié : les présidents de CME de CHU et les doyens de faculté de médecine campent des positions différentes. Les premiers demandent la mise en place d’un post-internat régional obligatoire dans la région de formation, par exemple de deux ans. Le Pr Claude Girard, président de la CME du CHU de Dijon, va même plus loin : « Il faut évaluer la quantité d’actes utiles pratiqués par chaque médecin, intéresser les médecins à la performance, et instaurer un contrôle pour limiter les actes à visée alimentaire - échographie, dopplers… »
Les doyens de faculté de médecine demandent des décisions plus radicales. Le doyen de Poitiers a rappelé que les incitations ne suffisent pas à attirer les jeunes dans les zones désertifiées de sa région. Celui de Nîmes a réclamé des mesures « coercitives » pour mieux répartir les médecins sur le territoire. Roselyne Bachelot a rétorqué que c’était trop tôt : « La profession médicale n’est pas mûre pour des mesures coercitives, c’est pourquoi j’ai choisi des mesures incitatives, et la voie du non opposable. »
Interrogé sur l’ampleur des déficits, le président de la Conférence des directeurs généraux des CHU, Paul Castel, a précisé qu’il était difficile de faire un point car des enveloppes sont en cours de distribution en région. « La situation est très différente d’un CHU à l’autre, puisque 60 % du déficit des CHU est concentré sur cinq établissements », a indiqué Roselyne Bachelot. La ministre a cité trois pistes d’économies : « le rééquilibrage de l’offre de soins, des investissements immobiliers et des effectifs », à l’instar du CHU de Nancy qui va comprimer son personnel. Mais elle a précisé n’avoir donné « aucune consigne » en ce sens aux directeurs généraux.
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