Frédéric Valletoux ne le cache pas : après la « politique de gribouille » de la précédente majorité, l'attente du monde hospitalier est « forte » à l'égard du nouveau gouvernement. Comme les centrales syndicales de praticiens hospitaliers, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) aborde cette rentrée sur un a priori positif après sa rencontre estivale avec la nouvelle ministre de la Santé, le Pr Agnès Buzyn. Pour autant, pas question de baisser la vigilance sur les dossiers hospitaliers en cours.
Premier chantier d'importance : « l'urgence nationale des déserts médicaux », contre lesquels le gouvernement doit présenter un plan de lutte à la fin du mois. La fédération plaide une fois de plus pour le retour de l'obligation de participation à la permanence des soins pour les médecins libéraux (abandonnée en 2003). Elle propose aussi de supprimer la liberté d'installation en secteur II (uniquement) dans les zones surdotées et de « revivifier » (comprendre : mieux financer) les hôpitaux de proximité.
La FHF réclame à Agnès Buzyn « plus de souplesse et de pragmatisme » dans la poursuite de la réforme des groupements hospitaliers de territoire (GHT), au regard des « tensions » constatées sur le terrain quand les agences régionales de santé « forcent » la taille du périmètre d'un territoire. La politique d'achat commune à chaque regroupement est à l'heure actuelle « beaucoup trop intégrative », argumente Frédéric Valletoux.
Les EHPAD en grave crise
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), que le gouvernement va présenter le 28 septembre, est également un dossier majeur de cette rentrée. Le taux d'évolution de l'objectif national des dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) est annoncé à 2,3 % en moyenne sur le quinquennat (contre 2,1 % pour 2017). La FHF s'inquiète malgré tout de voir l'enveloppe budgétaire accordée à l'hôpital rognée par un transfert de charges du transport sanitaire, financé jusque-là à 90 % par la médecine de ville. Autre inconnue : le soutien à l'investissement. « Nous n'avons pas d'assurance que le plan de cinq milliards d'euros qu'Emmanuel Macron voulait consacrer à l'investissement hospitalier sera effectif », commente David Gruson, délégué général de la FHF. En revanche, la FHF a reçu une « bonne écoute » de la part de la ministre sur le financement au parcours de soins, expérimentation qui pourrait se retrouver dans le budget de la Sécu.
Reste le chantier du financement des EHPAD, qui connaissent une « grave crise » depuis le début de l'année (avec une perte de ressources estimée à 200 millions d'euros), insiste Frédéric Valletoux. La FHF demande à Agnès Buzyn de suspendre la réforme lancée par la précédente majorité.
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