LE QUOTIDIEN - Le Sénat vous a confié une mission sur les déserts médicaux. Dans quel esprit comptez-vous la mener à bien ?
HERVÉ MAUREY - C’est un groupe de travail qui a été créé dans le cadre de la nouvelle commission du développement durable et de l’aménagement du territoire du Sénat, dont je suis vice-président. Il réunit 11 sénateurs de la majorité et de l’opposition. Le président, Jean-Luc Fichet, est issu de la majorité sénatoriale, et moi j’en suis le rapporteur. Dès la fin du mois de juin, nous entamons un cycle d’auditions pour évaluer le coût et l’impact des politiques en matière de lutte contre la désertification médicale, et pour proposer éventuellement des solutions alternatives.
Qui allez-vous auditionner ?
Les professionnels de santé, des experts, des élus, l’assurance-maladie, la Cour des comptes… Nous serons amenés à nous déplacer pour voir les expériences qui ont pu être mises en place. Peut-être même irons-nous dans des pays européens qui ont mis en place d’autres politiques.
Nous ne voulons pas commencer notre mission avec des a priori ou avec des solutions toutes faites, avant même de nous mettre au travail. Il faut évaluer les mesures mises en place. Ce n’est pas si facile car il n’existe aucun chiffre sur le coût de ces dispositifs. Il faut voir concrètement leur impact. Nous entendons des choses très différentes sur l’impact de mesures telles que celles préconisées par le conseil de l’Ordre et mises en place dans d’autres pays.
De nombreux rapports existent déjà sur ce sujet. Comment allez-vous faire pour renouveler le genre ?
Il y a déjà eu des rapports, mais ils sont aujourd’hui un peu datés, nous devons prendre en compte la situation actuelle. Nous devrons résister à toutes les pressions qui vont s’exercer, de la part des médecins ou des partis politiques, pour trouver des solutions adaptées à la situation de nos territoires. Certains n’ont plus de médecins et il est très difficile d’en faire venir, même de l’étranger. Cela pose le problème de l’égalité des citoyens face à l’accès à la santé. Notre rôle de parlementaire, et particulièrement de sénateur, est d’y remédier.
Le Pr Guy Vallancien a mis en cause la réalité de certains déserts médicaux, critiquant l’insistance de certains élus locaux à réclamer des maisons de santé sur leur territoire. Qu’en pensez-vous ?
Dire ça, c’est ni plus ni moins de la provocation, ou au mieux une grave méconnaissance de la réalité de nos territoires. Ce monsieur devrait sortir de temps en temps de Paris. Pour autant, je ne dis pas que la maison médicale est la panacée. J’en connais qui ont été créées pour un coût élevé, sans qu’il y ait un médecin pour y exercer. Ca fait sans doute plaisir à un élu, mais c’est un terrible gâchis d’argent public. En revanche, nier les problèmes de démographie médicale, c’est de la provocation, c’est tout simplement scandaleux !
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