« J'espérais que le président se montre à l'écoute des médecins libéraux mais j'ai été très déçue. C'est loin de l'apaisement que j'espérais » : quatre jours après le discours fleuve d’Emmanuel Macron au monde la santé, la Dr Christelle Audigier, fondatrice du collectif « Médecins pour demain », ne cache pas sa colère.
Jointe par « Le Quotidien », la généraliste lyonnaise dénonce un discours « méprisant » pour la médecine libérale. Alors que le mouvement brandit le mot d'ordre d'une consultation de base à 50 euros, « le chef de l'État parle de forfaits et de subventions, nous rendant ainsi dépendants de l'Assurance-maladie avec un possible impact sur les soins », juge la Dr Audigier. Pire, en confiant certains renouvellements aux pharmaciens ou aux infirmiers et en imaginant une « équipe traitante » pour la prise en charge des 600 000 patients chroniques, Emmanuel Macron chercherait « à détruire la médecine de ville ».
Revaloriser les soins… et non les structures
Pour ces raisons, le collectif appelle les libéraux à poursuivre leur mobilisation mais selon d'autres modalités que la fermeture des cabinets ou les manifestations. Outre la grève de la permanence des soins, le collectif programme « une action nouvelle par semaine » depuis le lundi 9 janvier. Il a lancé cette semaine une « opération anti-burn out », visant à limiter l’activité en cabinet. « Certains le font déjà quotidiennement et les autres vont être sensibilisés à leur propre épuisement puisque notre système n'est pas capable de protéger les médecins », dit-elle.
Le collectif appelle ensuite les praticiens à ne plus alimenter « Mon espace santé » (à compter du 16 janvier), à contester la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp, à partir du 23 janvier) ou à quitter leur CPTS (au 1er février). « Il y a des choses aberrantes avec certaines CPTS qui peuvent être "déviées" de leur mission initiale. L'argent qui est alloué devrait servir à revaloriser les soins plutôt que les structures », plaide-t-elle.
« Médecins pour demain » entend maintenir la pression jusqu'à la fin des négociations conventionnelles. Mais selon les avancées des réunions bilatérales qui ont repris cette semaine, la Dr Audigier reconnaît qu'un autre appel à la grève pourrait être lancé fin janvier.
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