Un petit mot d'un médecin exaspéré à la veille de la retraite par l‘incurie des structures dirigeantes dans le domaine de la santé en France. Sujet du jour : la pénurie médicale que les gouvernements successifs essaient de régler par des mesures d’incitation à l’installation en zones sous denses puis par des mesures coercitives de régulation du droit à l’installation.
N’importe quel technocrate avec un QI minimal pourrait se rendre compte que la création d’un concours en PCEM1 en 1972 résultait d’une recrudescence d’étudiants en médecine/aux besoins (« Baby Boom »). Il est donc logique et prévisible qu’il y ait un « Papy-Boom » une quarantaine d’années après. Il était donc simple de modifier le numerus clausus il y a quelques années : la question de la pénurie médicale ne se poserait pas aujourd’hui.
Une pénurie médicale prévisible et prévue
Rappel pour les plus jeunes : l’imagination de technocrates comptables a débouché sur la création du MICA (Mécanisme d’Incitation à la Cessation d’Activité des Médecins Libéraux) qui a fonctionné de 1988 à 1996 pour permettre aux médecins de prendre leur retraite à 60 ans, puis jusqu’en 2003 à 56 ans. L’axiome de base de cette mesure était que les plus vieux médecins ayant la plus grosse clientèle étaient donc forcément les plus gros prescripteurs. Donc en réduisant leur nombre, le volume de prescriptions diminuant, le déficit de la Sécurité Sociale se réduirait d’autant. Échec bien sûr, ces fameux technocrates n’ont jamais pensé que ce ne sont pas les médecins qui créent la demande de soins mais bien l’état de santé des patients.
L’attitude actuelle des pouvoirs publics est plus angoissante : nous nous retrouvons en phase de pénurie médicale prévisible et sûrement prévue. Toutes les mesures prises par les différents gouvernements occupent les médias, mais ne résolvent rien. J’en arrive à me demander si le raisonnement à l’origine du MICA n’est pas toujours en vigueur dans les sphères gouvernementales : réduire l’offre de soins en majorant la pénurie médicale pour diminuer le montant des prescriptions et donc des remboursements. Ceci sans s’occuper une seconde du retentissement de cette pénurie sur l’état de la Santé physique et mentale de l’ensemble de la population, ce qui est sidérant dans un pays dont on vante encore le système de santé… Pour combien de temps ?
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