Comme de nombreux autres territoires en France, la Saône-et-Loire (550 000 habitants) lutte sans relâche contre la désertification médicale. Selon les statistiques de l'Ordre, le nombre de généralistes est en baisse de 13,1 % dans le département depuis 2007 (voir ci-contre). Leur densité est de 7,5 pour 10 000 habitants (13,3 au niveau national).
Le département bourguignon s'active depuis une dizaine d'années pour juguler cette hémorragie. Il a commencé en 2007 par mettre en place des bourses de 1 000 euros par mois aux internes de médecine générale en échange de leur engagement à exercer dans l'un des cantons sous-médicalisés de Saône-et-Loire pendant cinq ans (la durée a depuis été ramenée à trois ans).
En 2013, le département a lancé un site spécifique baptisé « Installeunmedecin.com », qui présente les aides, recense les offres d'emploi, détaille les opportunités d'installation.
Une Smartbox de l'installation
La Saône-et-Loire est allée encore plus loin, fin 2015, en créant « Instal'box ». Ce dispositif permet à un candidat à l'installation de venir passer deux jours en famille dans une ville, de rencontrer le maire de la commune, visiter le cabinet médical ou la maison de santé... le but étant de lever les freins à l'installation. Les 25 et 26 février derniers, le Dr Inga Vavere et son mari, tous deux lettons ont ainsi découvert Saint-Bonnet-de-Joux (800 habitants), où on recherche un généraliste. Instal'box a pris en charge l'hébergement, les repas, et une partie des frais de transport.
Alors que les élus sont de plus en plus nombreux à revendiquer des mesures coercitives à l'installation (conventionnement sélectif), la Saône-et-Loire continue de promouvoir les incitations. Depuis deux ans, 4 carabins ont obtenu une bourse d'études d'un montant pouvant aller jusqu'à 500 euros par mois. Huit internes ont bénéficié d'une bourse de 1 000 euros par mois, en échange d'un engagement d'installation de trois ans (8 bénéficiaires). Le département a par ailleurs lancé une aide au financement de l'hébergement des étudiants en 3e cycle (400 euros par mois, 13 bénéficiaires) et une aide à la mobilité pour les internes en SASPAS (7 bénéficiaires). Dix-neuf généralistes ont reçu un "chèque installation", plafonné à 5 000 euros en échange d'une installation pendant trois ans minimum.
Toutes ces mesures ont un coût. Au total, le département a consenti un effort de 646 525 euros depuis 2013. Sans ces aides, les 19 généralistes se seraient-ils installés ailleurs ? Il est difficile de l'affirmer mais la situation serait « sans doute plus mauvaise », reconnaît-on au département.
Un coup de pouce
Le Dr Gérard Montagnon partage ce point de vue. Le président de l'Ordre de Saône-et-Loire soutient les initiatives départementales mais estime leur impact limité. Pour lui, la solution viendra aussi des réserves démographiques. « 25 % d'étudiants ne s'inscrivent pas à l'Ordre, affirme-t-il. Il faudra les convaincre de le faire. »
Le Dr Catherine Aubry, généraliste à Cluny et responsable régionale de MG France est circonspecte. « Ces aides n'inversent pas la courbe mais peuvent donner un coup de pouce », juge-t-elle. Maître de stage dans une MSP, le Dr Aubry assure que ses internes de SASPAS s'installent rapidement dans la région après leur cursus.
Quant au Dr Anne Dumont, jeune pédopsychiatre installée en secteur 2 à Mâcon et à Lyon, elle estime que son aide à l'installation a été tout à la fois un élément déclencheur et un effet d'aubaine. Elle envisageait d'ouvrir un cabinet secondaire à Mâcon en plus de son cabinet lyonnais et a franchi le pas en septembre 2015. Le Dr Dumont se plaît tant à Saône-et-Loire qu'elle vient de résilier son bail à Lyon pour se consacrer à plein-temps à Mâcon.
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