« Nous faisons un effort important, je suis désolé de constater que les syndicats de médecins ne font pas le même effort. » Le ministre de la Santé s’est exprimé avec fermeté ce lundi sur France Inter au lendemain du refus à l’unanimité de MG France de valider le projet de convention médicale de la Cnam. Sans l’accord de ce syndicat, la signature de ce texte avant mardi soir, date limite des négociations, est très improbable, reconnaît François Braun (d'autant que le syndicat Avenir Spé-Le Bloc, majoritaire chez les spécialistes a lui aussi exprimé son rejet).
Pour l’urgentiste, cet échec est à mettre directement sur le compte des syndicats de médecins libéraux alors que le gouvernement a mis « un milliard et demi sur la table, plus que ce qu’on n’a jamais fait dans une convention médicale ». « On passe à côté d’une occasion d’améliorer la prise en charge de nos concitoyens. En cela, je trouve que nos syndicats de médecins ne sont pas responsables », a accusé le ministre.
Il a de nouveau défendu le projet de l’Assurance-maladie. « On parle de contraintes, il y a d’abord une valorisation de l’ensemble des médecins », se défend François Braun qui rappelle une nouvelle fois que le gain de chiffre d'affaires attendu après l’augmentation générale du tarif de consultation de 1,50 euro s’élevait à « 7 000 euros » par an, plus 2 000 euros pour le forfait médecin traitant.
« Soyons raisonnables, c’est tout à fait faisable »
« Arrêtons de dire que c’est une pression intolérable », a également déclaré le ministre au sujet de l'engagement territorial, rejeté par les syndicats, qui imposerait aux médecins de nouvelles missions ou contraintes en échange d’une augmentation supplémentaire de leurs tarifs (30 euros pour la consultation généraliste de base, 35 euros pour les spécialistes et jusqu’à 60 euros pour des consultations complexes).
« Quand on dit "faire des gardes", c’est faire une garde par mois », « quand on leur demande de prendre plus de patients, c’est prendre 40 patients de plus par an », a cité en exemple l’urgentiste suggérant que l’effort demandé aux généralistes n'était pas insurmontable. « Soyons raisonnables, c’est tout à fait faisable », explique-t-il aux syndicats. Quant aux médecins « qui travaillent déjà beaucoup, pour ceux-là, il n’y a aucune contrainte supplémentaire. Et eux vont atterrir à ces 20 000 euros de plus par an », a-t-il ajouté.
« C'est insupportable d'entendre ça »
Le ministre s’est surtout indigné des propos tenus par les syndicats qui accusent le gouvernement de mépriser les médecins. « C’est insupportable d’entendre ça. Je suis petit fils, fils, neveu de médecin généraliste. Osez prétendre que je méprise les médecins généralistes, c’est inacceptable. »
Le ministre ne craint pas la menace de sortir de la convention, notamment brandie par l’UFML-S qui organise dans quelques jours des « assises du déconventionnement ». Et il met carrément en cause l’« état d’esprit qu’il y a dans ces syndicats » qui veulent « sortir du modèle de convention avec la Sécurité sociale » et prennent le risque de « pénaliser encore plus les Français et de créer une médecine à deux vitesses. Seuls les riches pourront se soigner ».
Comment sortir de cette impasse avec les syndicats ? François Braun annoncera de nouvelles mesures dès la semaine prochaine, notamment pour prendre en charge les 600 000 Français en ALD sans médecin traitant. « On va perdre du temps » a cependant regretté François Braun qui a rappelé qu’en cas d’échec définitif des négociations conventionnelles, un arbitre aura « trois mois pour proposer un texte qui s'imposera pendant au moins deux ans ».
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