LE QUOTIDIEN : Quels sont vos objectifs dans les deux collèges ?
Dr JÉRÔME MARTY : Arriver en tête partout ! Quand on s'engage dans une course, c’est pour la gagner. Nous avons l'ambition de changer en profondeur le système de santé, à bout de souffle. La profession est en perte d’attractivité, en burn-out. Les jeunes mettent dix ans à s'installer et les tarifs sont les plus bas de l'Europe. Les syndicats qui ont participé aux négociations sont coresponsables de cette crise car ils ont très mal défendu la profession. Leurs finances étant exsangues, ces organisations savent que, sans signature conventionnelle, elles ne peuvent continuer à vivre. Il y a eu des compromis qui ont viré à la compromission. L'accord sur le paiement à la performance devenu la ROSP est un exemple car il a laissé le pouvoir à la CNAM sur l'organisation des soins. En obtenant de bons scores, l'UFML veut affaiblir suffisamment ces syndicats historiques pour qu’ils cessent de nuire.
Quels sont les enjeux ?
Les URPS sont un passage obligé pour la représentativité de l'UFML. Nous voulons participer aux discussions conventionnelles et ne plus rester des éternels lanceurs d’alerte. Soit on sauve la médecine libérale autour de ses principes fondateurs, soit on accepte une médecine administrée et étatisée. C'est un choix à faire très vite.
Sur le plan local, nos élus siégeront dans les commissions que nous jugerons valables et, pour le reste, nous bloquerons les instances si c'est possible. Les URPS auraient dû disparaître depuis des années ! Elles sont devenues des chambres d’enregistrement des ARS, ce qui enferme les médecins libéraux dans une logique administrative. Certaines URPS soutiennent les CPTS, pourquoi pas ? À condition que ces collectifs soient indépendants et non pas sous la mainmise des groupements hospitaliers de territoire.
Que proposez-vous aux médecins ?
Les médecins doivent être honorés pour leurs actes. Cela signifie un acte de base de 50 euros, la moyenne européenne, plus des honoraires complémentaires librement décidés avec tact et mesure. Le montant dépend de la complexité, de la durée de l’acte. Pour y arriver, il faut sortir les rémunérations de tout lien avec l’ONDAM. Les médecins ne sont pas responsables de la situation économique. Nous voulons un paiement à l'acte majoritaire et la sacralisation de l’indépendance de l'exercice. Les médecins doivent arrêter de courber l’échine et d’obéir. Ils doivent avoir un droit d’opposition sur l’organisation de leur profession. La médecine est trop sérieuse pour la laisser aux seuls administratifs et aux politiques.
Pourquoi voter pour l'UFML ?
Nous ne faisons pas partie des syndicats qui ont construit cette situation catastrophique. Notre programme est aussi notre point fort. L’UFML a été le premier à parler d’un acte à 50 euros, de la gouvernance tripartite avec les patients. Aujourd’hui, certains font campagne sur un acte à 45 ou 50 euros. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait plus tôt ? À un moment, il ne faut pas hésiter à bloquer le système. Cela ne signifie pas pour autant l'obstruction systématique. L'UFML est un syndicat conventionniste et prône un partenariat avec l’Assurance-maladie. Dans cette course électorale, je ne pense pas que mon exposition médiatique personnelle puisse nuire au syndicat. Les messages que je porte à la télévision sont des messages de santé publique, d'où les menaces de morts des anti-vaccins. Je ne fais jamais référence à la politique syndicale.
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