LE QUOTIDIEN : En 2015, MG France a gagné les élections dans le collège généraliste avec 31 % des voix. Quels sont vos objectifs ?
Dr JACQUES BATTISTONI : Faire un meilleur score et conforter notre place de leader chez les généralistes ! Cette année, il y a trop de syndicats. Cela introduit de la confusion et rend difficile la connaissance des programmes. Avoir deux ou trois organisations permettrait de l'émulation, tout en clarifiant le choix des médecins.
Parmi les nouveaux en lice, l'UFML surfe sur le mouvement antisystème – qui existe chez les généralistes comme dans la société. Il s'affranchit des règles de ce qui est réalisable et croit qu'il suffit de réclamer quelque chose pour l'obtenir. Mais l'histoire des syndicats tenant ce genre de propos est toujours la même : soit ils ont disparu, soit ils se sont intégrés dans la négociation et le jeu institutionnel, avec des avancées imparfaites.
Quelles sont vos priorités ?
Nous défendons les conditions matérielles d'exercice des généralistes, qui doivent être rémunérés à la hauteur de leurs missions. L'attractivité de la médecine générale passe par une rémunération au même niveau que les autres spécialités. Nous demandons le C à 30 euros, qui a une valeur symbolique forte. À côté, les consultations plus complexes doivent être valorisées à 60 euros, et leurs conditions d'application simplifiées. La convention 2016 a représenté un net progrès, mais il y a encore à faire.
Concernant les visites, leur tarif doit passer à 80 euros (dont 20 euros de déplacement). Quand on ne valorise pas la visite, on ne respecte pas le travail des généralistes et cela occasionne des difficultés majeures d'accès aux soins pour la population âgée. Nous comptons reprendre la négociation avec l'Assurance-maladie après les élections.
Nous défendons aussi la place des forfaits dans la rémunération pour permettre aux médecins d'avoir du matériel et du personnel. Là encore, il faut aller plus loin en assurant un meilleur équipement informatique et un assistant médical par médecin.
Les généralistes sont engagés dans la vaccination au cabinet. C'est une reconnaissance ?
C'est une forme de reconnaissance mais avec un vaccin qui pose des problèmes pratiques (efficacité présentée comme moindre, utilisation dans les six heures, commandes en avance, cible étroite). C'est un peu un cadeau empoisonné ! La revendication que je porte au plus haut niveau, c'est de bénéficier dans nos cabinets des vaccins au fur et à mesure de leur mise à disposition, de pouvoir les stocker et de vacciner sans difficulté. Quand les pouvoirs publics nous disent que l'on n’a pas le temps pour vacciner, que l'on n'est pas assez nombreux, c'est à nouveau manquer de respect aux généralistes ! Notre capacité à vacciner est sous-estimée. Chaque généraliste voit entre 20 et 30 patients par jour, 50 000 généralistes peuvent donc largement vacciner 500 000 personnes par jour, à condition d'avoir les vaccins !
Pourquoi voter pour MG France ?
Nous sommes différents par notre vision du métier. Tant que n'existait pas MG France, le respect de notre profession n'existait pas autant et la discipline était en perte de vitesse. C'est depuis notre création que l'on a pu rééquilibrer les efforts financiers en faveur de la médecine générale. Il reste beaucoup à faire et cela ne peut pas se défendre à travers une centrale polycatégorielle.
Nos valeurs sont nos atouts : l'accès aux soins de toute la population, absolument nécessaire, et un système de santé où les soins primaires occupent toute leur place. La crise sanitaire montre à quel point ils sont indispensables. Nous proposons aussi des services et recueillons les attentes des médecins, ce qui nous permet de remonter des problématiques aux pouvoirs publics. Voter pour nous, c'est voter pour vous !
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