LE QUOTIDIEN - Les ARS ont la main sur l’organisation et le financement de la PDS. Vous dites dans le rapport qu’elles ont une vision administrative et comptable. Pourquoi ce reproche ?
Dr FRANÇOIS SIMON - Les ARS ont reçu des enveloppes dont on ne connaît pas le mode de calcul, et qui sont le point de départ de l’organisation du dispositif. Les politiques n’ont jamais exposé leur vision de ce que doit être la permanence des soins, si bien que les ARS partent avec une enveloppe et font ce qu’elles peuvent. Pourtant, quand on monte un projet, on commence par décrire ce qu’on veut, et on essaie ensuite de déployer les moyens adéquats. On a pris le problème à l’envers.
Le rapport pointe une lente mais régulière érosion du volontariat. Est-ce inéluctable ?
D’année en année, cette érosion se poursuit. Les facteurs principaux sont le rejet de la nuit profonde, les grands secteurs, l’insécurité, le vieillissement du corps médical, et le changement de société. Là où le volontariat pêche, c’est essentiellement pour les visites à domicile sur des grands secteurs durant la nuit.
C’est un repoussoir, sauf quand les ARS ont prévu une rémunération suffisamment attractive.
Cependant, nous avons le sentiment qu’il existe un mouvement vers le volontariat quand des points fixes de garde (ou maisons médicales de garde) existent. Dans mon département, les tableaux de garde pour ces points fixes sont pleins plusieurs mois à l’avance, car l’activité n’y est pas négligeable.
Vous dites que le nombre de ces sites fixes est en hausse. Est-ce une bonne nouvelle ?
Ils constituent une réponse appropriée. Même s’ils ne couvrent pas toutes les situations, ils sont devenus le mode d’accès normal à la PDS. La tendance est à des sites fixes plus légers en terme de coût que les maisons médicales de garde classiques, et souvent installés dans ou à proximité des hôpitaux. L’avantage est que l’exercice y est plutôt sécurisé. Mais l’inconvénient est que, même si ces points fixes sont régulés, ils sont identifiés et les patients y arrivent spontanément.
Comment analysez-vous la forte baisse du nombre de secteurs et la tendance à l’arrêt de la garde de nuit profonde ?
Nous en sommes aujourd’hui à la moitié du nombre de secteurs par rapport à 2003 ! L’idée des ARS est que les tours de garde reviendront moins souvent avec des secteurs plus grands puisque plus ils sont étendus, plus le nombre de médecins qui y exercent est important. Mais ces grands secteurs ont parfois un effet répulsif sur les praticiens qui ont peur d’aller au-delà du territoire qu’ils connaissent.
En période de nuit profonde, la tendance est de substituer à la garde classique des grands effecteurs qui font les visites incompressibles sur des territoires élargis. Cela devrait continuer à se développer.
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