LE QUOTIDIEN – Comment qualifieriez-vous les relations entre les médecins et les assureurs ?
Dr JACQUES CATON – De très bonnes. Un climat de confiance s’est établi entre nous grâce à l’accréditation, dont le bilan, avec quatre années de recul, est très positif. Seize organismes agréés sont actifs, et 6 700 spécialistes à risque sont accrédités. La culture de la déclaration est maintenant ancrée en nous. Avant, peu de chirurgiens se préoccupaient de l’antibioprophylaxie, laissant aux anesthésistes le soin de regarder si tout était en ordre. Depuis leur entrée dans l’accréditation, les chirurgiens regardent cela de près ; ils s’assurent systématiquement que le matériel est en place, et qu’il n’y a d’erreur ni sur l’identité du patient, ni sur le site à opérer. Des procédures et des référentiels ont été édictés, le gain est réel pour le patient. Les assureurs nous font confiance. Nous discutons souvent avec eux, ce qui a permis de déboucher sur des solutions satisfaisantes pour régler le problème de la RCP.
Pour vous, l’assurance des spécialistes à risque ne pose plus problème ?
En effet. Que constate-t-on ? Les assureurs sont revenus sur le marché : tous les médecins sont à nouveau assurables, ce qui n’était pas le cas après la crise de 2002. L’envolée des primes a été cassée : leur augmentation est raisonnable, de l’ordre de 5 % en 2011, comme pour les autres primes d’assurance. Restait le problème des trous de garantie. Voyant qu’aucune solution politique ne se profilait, nous avons pris les choses en main, et nous avons travaillé avec deux assureurs, ce qui a permis à mes yeux de régler le problème des trous de garantie. Grâce à l’aide que nous verse l’assurance-maladie, le coût de l’assurance est supportable aujourd’hui. Il n’y a plus de problème assurantiel. Ceci étant dit, il faudra bien, tôt ou tard, intégrer cette dépense dans le coût de la pratique.
Xavier Bertrand a décidé de reprendre le dossier de la RCP en main. C’est donc inutile à vos yeux ?
J’ai écrit à Xavier Bertrand pour lui dire que nous sommes satisfaits des solutions trouvées avec les assureurs, ce qui permet d’avoir une discussion sereine sans se précipiter. D’accord pour une nouvelle concertation, à condition de ne pas toucher à l’accréditation qui a fait ses preuves. Aujourd’hui, nous entendons dire, par bruit de couloir, que le DPC [développement professionnel continu] pourrait remettre en cause l’accréditation : nous ne sommes pas d’accord. S’il faut de nouvelles décisions politiques sur la RCP, rien ne sert de les prendre dans l’urgence.
Que redoutez-vous ? La mutualisation du risque médical lourd sur l’ensemble des praticiens et des patients, à laquelle réfléchit Gilles Johanet ?
Par exemple. À quelques semaines de la remise de son second rapport, je ne comprends pas que Gilles Johanet n’ait pas pris contact avec nous pour nous demander notre avis. De même, je ne comprends pas le black-out qui a entouré son premier rapport. La mutualisation, je n’y crois pas. Personne n’en veut, ni les patients, ni les médecins. Les généralistes n’ont pas envie de payer pour les chirurgiens, et on les comprend. La seule mutualisation possible, c’est entre spécialistes d’une même spécialité.
Votre remarque est-elle valable pour le petit millier d’obstétriciens libéraux qui risquent des sinistres de plus de 5 millions d’euros ?
Non, c’est vrai. Mais la survie de l’obstétrique libérale peut être assurée si l’on arrive à casser durablement la flambée des primes, et si l’on revalorise enfin les actes, notamment l’accouchement.
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