Les médecins italiens seraient-ils le remède miracle à la désertification médicale des campagnes françaises ?
À Thourotte, commune de l'Oise peuplée de cinq mille habitants, l’arrivée de sept praticiens transalapins est attendue avec impatience. « Malheureusement, tous nos médecins sont morts ou sont partis en retraite sans que nous n’arrivions à les remplacer, constate Patrice Carvalho, maire communiste de Thourotte et député de l’Oise. Thourotte n’est pas considérée comme un endroit séduisant pour les médecins de campagne. » Ancien mécanicien chez Saint Gobin, Patrice Carvalho, qui a arraché la mairie pour la première fois au PS en 1989 et la circonscription de l’Oise à l’UMP en 2012, est à l’origine du projet « d’importation » des dottore italiens. « Cela fait cinq ans que je sollicite ponctuellement l’Ordre des médecins pour trouver des praticiens mais personne ne veut venir. Alors, quand des Italiens m’ont proposé leurs services, j’ai saisi la balle au bond », explique Patrice Carvalho.
La démarche du maire devrait déboucher sur l’arrivée de sept praticiens d’origine italienne dont quatre généralistes, un ophtalmologiste, un dermatologue et un gynécologue. « Ce n’est qu’un début car après la publication d’un article en Italie, j’ai été contacté par plusieurs praticiens de plusieurs spécialités qui veulent s’installer en France car ils ne trouvent aucun créneau en Italie, le marché étant saturé », poursuit le maire. Avec un système de santé plombé par les coupes budgétaires, de nombreux praticiens transalpins abonnés aux CDD ou aux remplacements de leurs collègues généralistes. À Thourotte, les praticiens italiens seront regroupés dans un centre de santé dont ils seront salariés. « Nous avons contacté l’Ordre qui doit nous donner son feu vert », ajoute l’édile.
Pour pouvoir exercer en France, les praticiens devront montrer patte blanche, fournir leurs diplômes, démontrer qu’ils parlent français. « et être inscrits au tableau en France », explique le Dr Patrick Romestaing, vice-président de l’Ordre des médecins. L’arrivée des praticiens italiens est aussi perçue comme une bonne nouvelle par l’Ordre. « La circulation des médecins européens est une amorce de solution à la désertification dans les zones rurales, sous réserve qu'ils comprennent le contexte français… », conclut le Dr Romestaing.
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