Coup de rabot sur la formation des maîtres de stage : le gouvernement rétropédale, soulagement des généralistes enseignants

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Publié le 22/02/2022
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Crédit photo : Phanie

Après la fronde commune des généralistes enseignants et étudiants, le gouvernement a décidé de faire machine arrière sur la réforme de la formation des maîtres de stage des universités (MSU).

Entre Noël et jour de l’an, un arrêté avait été publié pour limiter la prise en charge par l’Agence nationale du DPC des formations à la maîtrise de stage. « Nous sommes passés de six jours de formation à 10 heures », résumait, amer, le Dr Philippe Serayet, généraliste dans le Gard, nouveau président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (Snemg). Avec cet arrêté« incompréhensible » selon le Snemg, les futurs MSU n’auraient pu bénéficier que d’une seule formation dite « hors quota ». Les formations complémentaires devant être déduites des 21 heures annuelles pour être indemnisées. 

En dehors du doit de tirage

Face à la colère des enseignants de médecine générale et des jeunes, le ministère de la Santé a décidé de rétropédaler et donc de modifier l'arrêté contesté. Les formations à la maîtrise de stage interviendront – comme avant – « en dehors du droit de tirage individuel annuel fixé par la section professionnelle des médecins », précise le texte. Un soulagement pour les MSU, qui n’auront plus à devoir choisir entre une formation biomédicale et l'encadrement d'étudiant.

« Les formations hors quotas sont aujourd’hui le principal outil permettant de flécher des formations prioritaires pour la santé publique », se félicitent ce mardi les représentants de généralistes, d'étudiants en médecine, d'internes, de jeunes installés et d'enseignants de médecine générale*. 

Formations annulées… puis reprogrammées

La publication de l’arrêté à Noël avait entraîné l’annulation brutale par l’Agence du DPC de formations programmées : 200 MSU auraient été concernés, privés du jour au lendemain de formation et d’agrément pour accueillir des étudiants à partir de mai. Là encore, le gouvernement sécurise le dispositif, précisant que les formations ayant été financées par l'ANDPC en 2021 pour la formation des maîtres de stage « bénéficient d'une prorogation de leur financement en 2022 et permettent aux praticiens maîtres de stage des universités qui les suivent de les faire valoir pour leur dossier d'agrément ». Satisfaits de cet épilogue, généralistes enseignants et étudiants restent toutefois « très vigilants quant à l’application de ce nouvel arrêté par l’agence nationale du DPC ». Ils rappellent que le développement de la maîtrise de stage « est un levier essentiel pour lutter contre les déserts médicaux ».

Dans les tuyaux depuis plusieurs jours, ce revirement ministériel (sanctuarisant à nouveau la formation à la MSU hors quotas) était en revanche redouté par les syndicats polycatégoriels (CSMF, SML, UFML-S, FMF et Avenir-Spé-Le Bloc) qui dénonçaient par avance « un détournement inacceptable des fonds de formation ». Les centrales expliquaient qu'« il ne saurait être question de grever de façon significative les sommes dévolues au DPC pour financer sans limite la formation continue des maîtres de stage agréés ». Pour eux, c'est donc la douche froide.   

*MG France, Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), Intersyndicale nationale des internes (Isni), InterSyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et Remplaçants (Reagjir), Collège national des généralistes enseignants (CNGE), Syndicat national des enseignants de médecine générale (Snemg)


Source : lequotidiendumedecin.fr