En organisant les États généraux de la coordination libérale le 1er juin, le SML a voulu mettre en lumière les nombreux modèles d'organisations libérales qui fonctionnent sur le terrain. Sa présidente, la Dr Sophie Bauer, elle-même adhérente à une CPTS en Seine-et-Marne, se montre très ouverte à toutes les initiatives émanant des médecins libéraux pour mieux prendre en charge des patients dans les territoires déficitaires.
À côté des équipes de soins primaires (ESP), les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) soutenues financièrement par l'Assurance-maladie et l'État, la chirurgienne rappelle qu'il existe aussi d'autres modes de coordination émergents comme les Escap (équipes de soins coordonnées avec le patient), portés depuis de longue date par l'Union des professionnels de santé (UNPS) et le SML. « C'est le premier étage de la coordination complémentaire des ESP et des CPTS qui évite la paperasse. Il n'y a pas de projet de santé à élaborer », a défendu la Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF, invitée aux États généraux.
Un autre mode de coordination qui est en train d'émerger est les équipes de soins spécialisés (ESS). Ce regroupement de professionnels de santé autour de médecins spécialistes (d'une ou plusieurs disciplines hors médecine générale) exerce de façon coordonnée et contribue à « la structuration des parcours de santé » et vise à faciliter l’accès aux soins spécialisés, notamment en désenclavant les territoires fragiles. En Île-de-France par exemple, l'URPS a repéré plusieurs équipes en dermatologie et en cardiologie. « Une ESS en ophtalmologie est en démarrage. Un projet en gynécologie et celui en gériatrie sont aussi en train d'émerger » a témoigné la Dr Valérie Briole, présidente UFML de l'organisation.
Travail de pédagogie
Malgré l'enthousiasme non dissimulé des acteurs, les inquiétudes sont nombreuses. Alors que l'exercice coordonné ne concerne pour le moment que 25 % des médecins, comment faire pour attirer davantage les praticiens dans ces dispositifs ? Pour François Randozzo, président du syndicat Alizé kiné, « il y a un travail de pédagogie à faire pour leur montrer quel peut être l'intérêt dans leur pratique quotidienne. Puis il faudra aussi proposer un dispositif simple aux professionnels ».
Échaudé par des initiatives parlementaires récentes (loi Rist, PPL Garot transpartisane), le patron d'Alizé kiné craint aussi que l'exercice coordonné au sein notamment d'une CPTS ne devienne un piège pour transformer le mode de rémunération des libéraux basée sur l'acte. « Est-ce qu'on nous attire avec un discours fédérateur vers les CPTS pour nous imposer ensuite un forfait à l'épisode de soins ? », met-il en garde. Un mode de rémunération forfaitaire qui a toujours soulevé une certaine méfiance du SML. Fidèle à l'esprit libéral de son syndicat, la Dr Bauer défend ardemment la rémunération à l'acte. « Pourquoi ne pas renforcer l'attractivité par la revalorisation de l'acte demandée par l'ensemble des libéraux », a-t-elle ajouté. Très déçue du règlement arbitral qui prévoit une hausse de 1,50 euro la consultation à partir d'octobre, la présidente du SML veut toujours défendre un C à 50 euros pour permettre aux médecins de recruter du personnel, d'agrandir ses locaux.
Résistance
Puis un autre point irritant a aussi fait vivement réagir la salle : la proposition de loi Valletoux qui prévoit une inscription automatique des professionnels de santé dans une CPTS. Invitée à l'événement, Agnès Firmin Le Bodo, ministre en charge de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, a tenté de calmer les esprits. « Il n'y a pas d'obligation à faire partie d'une CPTS, c'est une inscription avec une possibilité de se désinscrire. Je vous le redis, au gouvernement, nous ne sommes pas favorables à l'obligation mais à l'adhésion volontaire des médecins ! » a-t-elle avancé devant une salle sceptique. « On ne peut pas demander à des médecins qui font déjà plus de 55 heures de travailler davantage. Si ça passe on va rentrer en résistance et ce sont les patients qui vont en pâtir », a prévenu la chef de file du SML.
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