Soixante et onze pour cent des ophtalmologistes libéraux exercent en « travail aidé » en 2020, soit 8 points de plus qu'en 2019, selon une enquête du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) présentée ce vendredi. Ce mode d'exercice permet aux ophtalmos de coopérer avec des orthoptistes (cas de loin le plus fréquent) libéraux ou salariés, mais aussi de collaborer avec des infirmiers, assistants médicaux ou encore des opticiens.
Cette forte hausse du travail aidé depuis une dizaine d'années – il était seulement de 20 % en 2010 – a permis de limiter les départs à la retraite des ophtalmologistes (250 à 300 par an) et de faire baisser les délais d'attente, estime le Dr Thierry Bour, président du SNOF. « L’organisation de la filière visuelle en équipe de soins pluriprofessionnelle est pionnière car elle permet au médecin de se recentrer sur le temps médical, et elle améliore l’accès aux soins des Français », indique l'ophtalmologiste de Metz. Selon une autre étude du même syndicat publiée en octobre 2020, le délai moyen d'attente pour une consultation (tous motifs) est de 51 jours, soit une baisse de 36 % par rapport à 2017. Le SNOF vise l’objectif « zéro délai en 2022 ».
Davantage de cabinets secondaires
Pour poursuivre sur cette voie, le syndicat appelle à une politique volontariste « d’incitation à l’installation et à l’ouverture de sites secondaires ». Ces cabinets secondaires permettent aux spécialistes d'aller réaliser des consultations sur d'autres sites que leur cabinet principal, souvent dans des zones plus rurales et sous-dotées.
« Il faut simplifier les démarches auprès de l'Ordre, une simple déclaration doit suffire pour créer ou ouvrir un cabinet secondaire et le médecin doit pouvoir se faire remplacer sur le site principal pendant qu'il intervient sur le site secondaire », plaide le Dr Bour. Il demande également des aides conventionnelles à l’installation et à la création de sites secondaires ou encore la possibilité de déduire les frais de rachat « en cas de reprise d’un cabinet sans successeur ».
Télé-évaluation, un nouveau cadre ?
Quant au travail collaboratif, il peut encore être dopé en appliquant les recommandations du rapport IGAS sur la filière visuelle (publié en septembre 2020), estime le SNOF. Parmi celles-ci, la création d'un protocole de coopération national « aux limites claires entre ophtalmologistes et orthoptistes » ou l'instauration d'un cadre de « télé-évaluation » pour régir les relations à distance entre orthoptistes et ophtalmologistes.
Opposé à la réalisation d'actes médicaux dans les magasins d'optique, le syndicat souhaite enfin instaurer « un dispositif de règles et de sanctions professionnelles » pour les opticiens-lunetiers et les orthoptistes, à l’instar de ce qui existe pour les orthophonistes.
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