Coûte que coûte, la Creuse cherche les bonnes recettes pour pallier le manque de médecins.
Déplorant depuis plus de dix ans un déficit médical chronique – 90 généralistes en 2019 contre 145 en 2005 –, le département connaît une légère embellie depuis le début de l'année, avec l'arrivée de cinq médecins grâce aux efforts des municipalités. Sainte-Feyre, Genouillac et La Souterraine sont désormais pourvues de cabinets ou de maisons de santé opérationnelles. Dans d'autres villes et villages, les élus redoublent d'efforts pour suppléer aux carences du secteur.
Le 12 octobre s’est tenu à Guéret (13 000 habitants) le congrès des maires de la Creuse. Une partie des débats était consacrée à la désertification médicale. Au cœur du sujet, la signature le 8 octobre d'un contrat local de santé entre les élus locaux, l'agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine et le conseil régional (entre autres). Ce dispositif départemental a pour objectif d'apporter une visibilité panoramique de l'offre de soins du territoire creusois. La tutelle sanitaire a également débloqué en 2018 3,5 millions d’euros supplémentaires pour améliorer l'accès aux soins des habitants.
« Le contrat passé avec l’ARS et signé par tous les présidents de nos intercommunalités est basé sur la prévention, dévoile Michel Vergnier, maire de Guéret et président de l’association des maires de la Creuse. Il sera un outil de dépistage de pathologies graves, mais aussi un lien entre les différents acteurs de santé locaux : hôpitaux, maisons, praticiens, etc. »
Convaincre les jeunes : mission impossible ?
Reste que cette bonne initiative n'a pas empêché le vote par les maires de deux motions réclamant une meilleure couverture de l’offre de soins et un moratoire sur les fermetures de lits hospitaliers. Et les actions des professionnels de santé en place (création de groupements, recrutement de stagiaires, accompagnement des nouveaux venus, formation) en complément du travail des municipalités sont certes louables mais pas forcément suffisantes. « Cinq praticiens venus avec un projet, c’est un résultat, reconnaît le Dr Jean-Paul Lamiraud, généraliste et président du conseil de l’Ordre du 23, mais il en faudrait dix fois plus. Nous travaillons avec nos élus à des solutions diverses, toutes les bonnes idées sont les bienvenues. Les incitations financières ne font pas tout, il faudrait agir en amont, avant le départ des médecins généralistes en retraite, s’intéresser à une télémédecine qui ne pourra pas tout régler mais qui sera un outil complémentaire, peut-être réfléchir au numerus, aux stages – insuffisants – aux embauches de praticiens payés par les communes, comme en Saône-et-Loire ou en Corrèze… »
Pessimiste, le responsable ordinal rappelle que la moyenne d’âge de ses inscrits est de 57 ans. Difficile dans ces conditions d’inverser la courbe du dépeuplement médical. « Les dernières arrivées sont plus des hasards heureux que des stratégies réfléchies, conclut-il. Notre département reste le moins doté de la région en médecins, et convaincre les jeunes d’y faire carrière est mission impossible. »
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