C’est la rentrée pour les syndicats de médecins libéraux. La CSMF s’apprête à recevoir ce vendredi le ministre de la Santé à l’occasion de son université d’été à Antibes et le SML réunira ses troupes le week-end suivant à Nice. Pour rituels que soient ces rendez-vous, ils interviennent dans un contexte crucial pour la médecine de ville : début de législature, nouveaux ministres, lancement d’une vaste concertation sur les réformes à mener en santé… Et si les blouses blanches connaissent encore mal les intentions des locataires de l’avenue de Ségur, tout indique que François Braun comme Agnès Firmin-Le Bodo vont devoir, d’ici à la fin de l’année, prendre des mesures fortes pour répondre à la situation critique de l’accès aux soins. Les pressions sur le monde de l’ambulatoire n’ont parallèlement jamais paru aussi fortes. Les hospitaliers réclament un retour à une permanence de soins obligatoires pour leurs confrères de ville. Les élus de la ruralité insistent pour obtenir une régulation de l’installation qu’ils jugent indispensable pour endiguer les déserts médicaux. Les centres de santé (qui tiendront bientôt leur congrès) ont le vent en poupe et présentent le salariat comme la solution à la crise des vocations. Enfin, les paramédicaux poussent pour des transferts de compétences qui devraient redéfinir le périmètre de la médecine de cabinet.
De quoi inquiéter évidemment les leaders de la médecine libérale. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Franck Devulder allume des contre-feux, brandissant comme des étendards la liberté d’installation et le paiement à l’acte avec un plan de hiérarchisation des consultations, cher à son organisation, la CSMF, comme d'ailleurs au SML. Ces revendications visent autant à conjurer toute atteinte au libéralisme qu’à obtenir de nouveaux moyens pour les médecins de ville, alors que les négociations sur la future convention médicale vont démarrer et qu’on devrait connaître sous peu le prochain Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) et sa déclinaison par secteur. Mais si, sur le sujet, les syndicats veulent tous obtenir des crédits supplémentaires pour la ville (le SML chiffre à 10 milliards d'euros ses revendications, les Généralistes CSMF réclament un vrai « Ségur de la médecine libérale »), ils ne sont pas forcément tous sur la même longueur d’onde : MG France paraissant ainsi plus enclin à une forfaitisation accrue de la rémunération.
Dans quel sens pencheront les pouvoirs publics ? Et dans quelle mesure accepteront-ils de mettre la main au portefeuille pour revaloriser les soins de ville ? Réponse peut-être ce vendredi dans le discours de François Braun. Au-delà, il faudra sans doute attendre la lettre de cadrage du ministre de la Santé pour savoir à quelle sauce sera accommodée la médecine ambulatoire. L’enjeu est de taille : cette feuille de route devrait en effet mettre les soins de ville en ordre de bataille pour les cinq prochaines années.
Exergue : Le contexte est crucial autant que critique pour la médecine de ville
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