Ce premier tour des régionales et départementales restera sans doute dans les annales. Pour la première fois, moins d'un tiers des électeurs se sont rendus dans les urnes. L'abstention estimée au premier tour atteint 66,1 % contre 50,09 % en 2015 et 53,67 %. Ce scrutin est aussi marqué par la prime aux présidents de régions sortants de droite comme gauche, qui ont montré leur capacité et leur agilité à agir dans l'urgence sanitaire.
C'est le cas pour Xavier Bertrand. Avec un score de 41,39 % des voix, le président sortant des Hauts-de-France, ex-LR, est loin devant son adversaire d’extrême droite, Sébastien Chenu (24,37 %) et la liste de la majorité, qui rassemblait cinq ministres. L'ancien maire de Saint-Quentin s'est assuré une confortable avance pour boucler sa reconduction et légitimer ses ambitions présidentielles. Pendant sa campagne, l'ex ministre de la Santé a réitéré ses ambitions pour combattre la désertification médicale dans sa région, par le développement des maisons de santé, l'attribution des bourses aux internes effectuant des stages dans les zones déficitaires ou encore des aides complémentaires à la primo installation dans ces zones.
Favorite dans les sondages en Île-de-France, Valérie Pécresse a obtenu 36 % des suffrages, mieux qu’en 2015. Elle aura face à elle les représentants de l’extrême droite, de la droite classique, de La République en Marche (LRM) et de la gauche. Mais la bataille pour la présidence de la première région française se ramènera à un duel face à l'union de la gauche menée par Julien Bayou, patron d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). En cas de victoire, la présidente de Libres a promis de mettre sur la table un plan d'« un milliard d'euros » pour financer notamment la création d'une MSP « dans chaque ville de plus de 10 000 habitants ».
Le jeu des alliances
Le scrutin a été également favorable au Dr Jean Rottner dans le Grand Est. Avec 31,15 % des voix, selon les résultats définitifs, le médecin urgentiste à la barre depuis 2017 de cette vaste région a gagné près de six points par rapport au score réalisé par son parti au premier tour des régionales de 2015. Mais pour le second tour, il faudra mobiliser les électeurs. Cette région se distingue par la plus forte abstention (70,38 %) parmi les treize régions métropolitaines. Pour faire barrage à Laurent Jacobelli (RN), arrivé en deuxième position avec 21,12 % des suffrages, le médecin urgentiste « a tendu la main à tous les républicains ». Mais le président sortant avait rejeté l'idée d'une fusion des listes avec celle de Brigitte Klinkert, ex-LR officiellement sans étiquette mais soutenue par la majorité présidentielle. Cette dernière qui a obtenu 10,77 % a finalement décidé de se maintenir.
En Occitanie, Carole Delga, présidente socialiste sortante a largement conforté sa position, avec 39,72 % des suffrages exprimés. L'abstention tourne autour de 62,5 % dans cette région. « En politique, il faut avoir une éthique, une constance, une fidélité aux valeurs », a-t-elle martelé lors d'une conférence de presse. Au second tour, le triangulaire avec le candidat RN Jean-Paul Garraud (ex-député LR) et le numéro trois des Républicains, Aurélien Pradié lui est favorable. En matière de santé, l'ancienne secrétaire d'État qui a comme numéro deux sur sa liste, le patron du SAMU de Toulouse, le Pr Vincent Bounes, ambitionne notamment de recruter 200 médecins salariés (et infirmières en pratique avancée) d'ici à six ans pour améliorer l'offre de soins sur les territoires déficitaires.
Une telle mesure pourrait aussi être amplifiée dans le Centre Val de Loire en cas de réélection de François Bonneau (PS). Le président socialiste sortant a obtenu 24,77 % des suffrages devant le RN à 22,53 %, et distançant largement le candidat de la majorité présidentielle, le ministre Marc Fesneau, relégué en quatrième position (16,69 %). Pour s'assurer de la victoire au second tour, le président sortant a annoncé lundi la fusion de sa liste PS-PCF avec celle EELV-LFI portée par Charles Fournier (10,85 %).
La voie du salariat médical a aussi inspiré Laurent Wauquiez (LR) qui souhaite l'expérimenter en cas de victoire. Avec un score de 43,8 %, le président sortant d'Auvergne Rhône-Alpes a dominé la concurrence, loin devant la candidate EELV Fabienne Grébert (14,4 %), celle du RN Andrea Kotarac (12,3 %) et la socialiste Najat Vallaud-Belkacem (11,4 %). Cette dernière a annoncé qu'elle se rangerait derrière Fabienne Grébert pour une liste d'union afin de « déloger » le président sortant.
Enfin, en Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA), seul président sortant qui n'arrive pas en tête dans sa région, Renaud Muselier (LR) est distancé de 4,5 points (31,91 %) par le candidat du Rassemblement national (RN), Thierry Mariani (36,38 %). Après avoir annoncé qu'il maintenait sa liste contre l'avis des partis à Paris dont EELV, le candidat du Rassemblement écologique et social (16,89 %), Jean-Laurent Felizia, a décidé finalement de la retirer, laissant la place à un duel RN-LR.
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