Malgré un constat de « convergences » et « d'avancées », saluées par la Cnam, la majorité des syndicats de médecins libéraux entendent maintenir la pression, faute d'indication chiffrée sur les tarifs après la deuxième séance plénière, qui a eu lieu jeudi au siège de l'Assurance-maladie.
Rien sur la table
Mais c'est en ordre dispersé que les mouvements de protestation sont lancés. L'UFML-Syndicat et la FMF s'associent à l'appel de fermeture des cabinets libéraux entre Noël et le Nouvel An, initié par le collectif de praticiens coordonnés « Médecins pour demain ». « Pour l'instant, tout ce que la Cnam nous expose reste très formel, déplore le Dr Jérôme Marty, président du syndicat. « On n'a toujours rien sur la table, abonde la Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF. C'est le moment qu'ils prennent conscience que la médecine libérale va mal. »
Nouvellement élue à la tête du Syndicat des médecins libéraux (SML), la Dr Sophie Bauer reconnaît que les avancées sont « positives » sur les assistants médicaux ou la Rosp mais pas « déterminantes ». « Je crains qu'on soit repartis dans une logique de saupoudrage de forfaits. Cela ne nous convient absolument pas », objecte la chirurgienne. Depuis le début des négociations, le SML réclame « une revalorisation du tarif de la consultation de base à 50 euros », une mesure qui profiterait à l'ensemble des médecins généralistes comme spécialistes cliniciens. Le SML doit encore réunir son bureau pour se positionner sur les mouvements de protestation.
Fermeture le samedi matin
De son côté, la CSMF estime que certaines premières propositions de la Cnam sont « proches » de celles qu'elle défend de longue date comme la hiérarchisation des consultations autour de trois niveaux lisibles et la simplification administrative. Néanmoins, « il faut passer au concret, insiste son président le Dr Frank Devulder. Sur les tarifs de consultation, si c'est proche de ceux qui existent aujourd'hui, alors cela ne se fera pas ». La Confédération a décidé de maintenir la pression en appelant les médecins à fermer leurs cabinets le samedi matin. « Certains médecins de terrain voulaient une grève plus dure en raison du manque de considération », avoue le gastro-entérologue de Reims, qui défend une « pression raisonnable ». « On maintient le mot d'ordre du samedi matin », confirme le Dr Luc Duquesnel, chef de file des généralistes de la CSMF.
De son côté, MG France avoue « attendre » beaucoup de ces négociations pour valoriser la fonction du médecin généraliste traitant et améliorer les conditions de travail. Mais avec une enveloppe des soins de ville en hausse programmée de 2,9 % l'an prochain, « c'est très insuffisant pour avoir un vrai plan d'investissement », alerte la Dr Agnès Giannotti, présidente du syndicat, qui se dit « assez pessimiste ». « On a de tels besoins de financement sur les soins de ville, il faut que l'enveloppe soit là. Or ce n'est pas le cas », ajoute-t-elle. Toutefois, la généraliste parisienne met en garde sur le risque d'un échec entraînant de facto la mise en place d'un règlement arbitral a minima. « Ce sera au détriment des généralistes car les mesures prises seront moins intéressantes qu'une convention négociée », argumente la Dr Giannotti.
Pour le moment, le syndicat « soutient » les initiatives prises par les médecins pour exprimer leur colère (grève des gardes, fermeture le samedi et vendredis de la colère, un mouvement partagé avec les étudiants et internes). « Je ne pense pas seulement à la période de Noël. Si en janvier la proposition de loi Rist passe (sur les accès directs), il est probable qu'il va y avoir d'autres modalités d'action », dit-elle.
Trop tôt pour Avenir Spé
Dans ces mouvements de colère et de grève, les spécialistes d'Avenir Spé restent pour le moment à l'écart. Leur président, le gastro-entérologue nantais Patrick Gasser, considère que « c'est trop tôt ». « Les négociations commencent à peine, recadre-t-il. Il reste des éléments à caler que sont l'indexation de l'ASV sur l'inflation et la publication de la règle sur les conditions d’accès au secteur II ». Si l'ensemble des syndicats ont bien noté les engagements de François Braun disant que « c'est en cours », Avenir Spé attend de recevoir « des réponses dans les quinze jours sur ces deux sujets (ASV et secteur II) ». « Sinon, nous ne viendrons plus aux plénières », menace le Dr Gasser.
Selon le calendrier de la Cnam, les bilatérales reprendront début janvier, avant une troisième séance plénière déjà prévue le 20 février. Avant la finalisation espérée du contrat entre les médecins et la Sécu pour cinq ans.
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