Alors que les négociations conventionnelles avec les syndicats médicaux sont dans une mauvaise passe, le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme, signe ce lundi une tribune détaillée dans « Le Figaro » – intitulée « Assurance-maladie et médecins libéraux, une même équipe » – dans laquelle il s'emploie à renouer le fil du dialogue.
Mais pas avec n'importe qui. Jugeant le défi « immense » – moins de médecins, plus de patients –, le patron de la Cnam se désolidarise de ceux qui, au sein de la profession, « mettent en avant des revendications tarifaires extravagantes, voire indécentes, diffusent sur les réseaux sociaux le mépris voire la haine d'autres professions de santé, et poussent très explicitement au déconventionnement, c'est-à-dire à une rupture irresponsable avec un système solidaire qui permet l'accès aux soins de tous ».
Escalade
Sans les nommer, le patron de la Sécu vise en particulier le collectif « Médecins pour demain » qui, avec d'autres, a popularisé la revendication de consultation à 50 euros mais aussi l'UFML-Syndicat qui organisera des « Assises du déconventionnement », début mars 2023. « Je pense que l'immense majorité des médecins libéraux ne se reconnaît pas dans ces caricatures », s'agace Thomas Fatôme pour qui l'escalade « pénalisera toutes les parties prenantes, au premier rang desquels les patients ».
En revanche, le DG de la Cnam invite les syndicats « qui veulent construire l'avenir de la médecine de ville » à « défendre le vrai visage de la profession » et à trouver « la voie d'un compromis ». Alors que tous les syndicats représentatifs viennent de se tourner vers Élisabeth Borne pour obtenir une enveloppe financière supplémentaire au bénéfice de la médecine de ville, Thomas Fatôme veut croire qu'il existe l'espace pour « un accord ambitieux, assis sur un investissement significatif ».
Et d'égrener plusieurs chapitres de la négociation en cours : généralisation des assistants médicaux subventionnés, soutien à l'exercice coordonné « dans différentes formes », hausse de 30 % du forfait patientèle médecin traitant dans les déserts médicaux, sanctuarisation des rémunérations qui valorisent les soins non programmés, réduction des charges administratives et des « consultations inutiles », etc.
Engagement territorial
Thomas Fatôme assume enfin de « reconnaître » – et donc de valoriser – l'investissement spécifique des praticiens libéraux qui s'engagent sur leur territoire, sous des formes diverses : exercice en zone prioritaire, consultations avancées, prise en charge de nouveaux patients, implication dans la PDS, maîtrise de stage… Mais dans ce « nouveau pacte » réclamé par Emmanuel Macron, les syndicats craignent surtout qu'une partie des revalorisations d'honoraires soient conditionnées à de nouvelles contraintes et obligations.
Plaidant une fois encore pour « le dialogue », le DG de la Cnam achève sa tribune avec une métaphore sportive. « Nous sommes des partenaires. Nous jouons dans la même équipe. Celle qui permet de soigner les Français. »
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre