LE QUOTIDIEN : Quels sont les résultats notables de cette édition de la Rosp ?
MARGUERITE CAZENEUVE : Nous observons un triple résultat positif : les indicateurs de santé publique sont en progrès, le nombre de médecins qui perçoivent la Rosp est en augmentation et le montant versé au total est en hausse. On a donc une évolution globale favorable. Certains indicateurs sont en nette amélioration, notamment celui relatif au fond d’œil chez le patient diabétique. Sur les cancers, on a aussi de bonnes nouvelles, les dépistages sont bien orientés.
En revanche, on est plutôt plus bas sur la vaccination de la grippe. Nous sommes en train de conduire des études pour trouver les raisons de la moindre vaccination « du sujet à risque ». Sans doute est-ce dû à une forme de lassitude de la part de ces publics.
Avez-vous observé une incidence de la Rosp sur la pratique des quelques spécialités concernées ?
Oui, sur les spécialistes les résultats sont vraiment bons. Chez les cardiologues, tous les indicateurs sont bien orientés, notamment sur les traitements par antiagrégants plaquettaires qui diminuent de 2,4 points. En endocrinologie, on a des indicateurs bien positionnés, ainsi que sur la prévention relative aux soins de podologie. Globalement, l’introduction des spécialités à la Rosp a bien fonctionné.
En dix ans, la Rosp a-t-elle entraîné une modification durable des pratiques chez les généralistes ?
Quand on analyse sur une période longue, il y a eu un changement véritablement significatif des pratiques. Cela dit, il reste des indicateurs pour lesquels la situation est plus contrastée. Dans le cadre de la convention, nous avions beaucoup travaillé avec les médecins, à leur demande, pour essayer de recentrer les indicateurs sur le domaine de la prévention. Il est vrai que la Rosp est un outil dense, 29 indicateurs, c’est beaucoup ! Nous verrons ce que donneront les prochaines échéances, mais nous avons proposé de passer de 29 à 15 indicateurs et d’aller le plus possible vers des indicateurs calculés automatiquement, qui reposent moins sur le déclaratif.
L’objectif est d’aboutir à un forfait de santé publique circonscrit à des indicateurs de santé publique stricto sensu, afin d’avoir quelque chose de plus lisible. Sur certains indicateurs, les médecins ont directement la main, sur d’autres c’est un peu moins le cas. Mais en définitive, on voit qu’on est de plus en plus dans une logique qui tend vers le populationnel où le médecin traitant participe à la santé publique de son territoire.
Comment pourrait se présenter le nouveau forfait de santé publique ?
Nous avons eu des débats très intéressants avec les médecins sur les questions de logique territoriale. Ce sujet devrait s’accélérer avec le CNR santé pour poser des diagnostics en matière de santé publique et d’offre de soins, territoire par territoire, et permettre aux acteurs de se positionner en termes de stratégie territoriale. C’est sur la base de cette dynamique que nous allons continuer à réfléchir, notamment sur les questions de vaccination et de dépistage du cancer. Nous allons reprendre et réorganiser les trois dépistages organisés du cancer (sein, colorectal et col de l’utérus) et nous ferons davantage appel aux médecins sur ces sujets. Ces indicateurs phares de santé publique, nous allons les suivre de très près et surtout essayer de donner aux médecins le maximum d’outils et de leviers possibles pour atteindre les objectifs.
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