Après Lyon, l’an passé, c’est à la Chapelle-sur-Erdre, proche de Nantes, que la Fédération des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) reçoit pendant trois jours ses 300 membres venus de toute la France.
À la tête de cette organisation qui a le vent en poupe, le Dr Claude Leicher, ancien président de MG France, est fier de la dynamique « remarquable » engagée par ces collectifs libéraux. Pour preuve, on dénombre fin juillet 733 CPTS à divers stades d'avancement dont 306 qui ont signé l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI-CPTS) avec l'Assurance-maladie.
80 000 habitants par communauté
L'objectif des 1 000 CPTS fixé par Emmanuel Macron n'est plus si loin. « Cela permet de couvrir presque 55 millions d'habitants, soit une moyenne de 80 000 à 85 000 habitants par communauté », a déclaré le généraliste lors de son discours d'ouverture devant une salle attentive. Une dynamique saluée aussi dans une vidéo par Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé. Dans un message, l'ancienne pharmacienne et élue locale au Havre a jugé que l'intérêt des CPTS n'était désormais plus à démontrer.
Mais face aux difficultés d'accès aux soins, les solutions ne sauraient être les mêmes en montagne, dans la Creuse ou ici à Nantes. C'est donc à partir du terrain qu'on construira les « solutions de demain », dit-elle. Intervenant en visio, Thomas Fatôme, DG de la Cnam, a lui aussi rendu hommage à ces pools de libéraux. « Notre objectif est d’accompagner les porteurs de projets pour accroître leur maillage, a-t-il précisé. On a devant nous des sujets pas faciles comme les zones blanches ».
Indicateurs, relations avec le Samu : pas si simple
Face au DG de l'Assurance-maladie, le Dr Leicher a reconnu que les moyens financiers octroyés par l'avenant conventionnel étaient « conséquents » (jusqu'à 580 000 euros d'aides). « Mais nous sommes aujourd'hui, dans plein d'endroits, en difficulté avec les indicateurs de résultats, signale le généraliste d'Étoile-sur-Rhône. On ne maîtrise pas les process ». L'ancien leader de MG France a pris l'exemple de l'indicateur sur la fréquentation des urgences dans le cadre de la prise en charge des soins non programmés. « Si on met en place une organisation innovante, il n'est pas question de nous attribuer la responsabilité de la fréquentation des urgences », dit-il.
D'autres freins ont été aussi évoqués. Le Dr Pascal Dureau, secrétaire de la CPTS de Vénissieux et membre du service d'accès aux soins (SAS 69), déplore le fait que le Samu 69 ne joue pas le jeu. « Le Sas fonctionne en roue libre avec des hospitaliers qui ont même cassé l'association de régulation libérale pour mettre en place une régulation par des salariés. Comment redonner le pouvoir de négociation aux CPTS face au Samu qui fausse le dialogue ? ».
Du côté de la CPTS de Paris 14e, l'inquiétude porte sur la mission socle de l'accès aux médecins traitants dans les zones urbaines denses. « Vu le nombre de départs de médecins, à la retraite ou par découragement, il ne suffit pas de nous donner des moyens s’il n’y a pas une politique nationale efficace sur les installations on n’y arrivera pas », affirme-t-elle.
Plafond de téléconsultations
De son côté, la CPTS d'Auray représentée par le Dr Éric Henry a appelé la Cnam à autoriser les médecins membres des CPTS à avoir jusqu'à 40 % de leurs actes réalisés en téléconsultation (au lieu du plafond de 20 % actuel). Sur ce point, le patron de la Cnam a fait valoir que ces consultations à distance représentaient… 2,4 % des actes des médecins généralistes et 3,7 % pour les spécialistes (en moyenne).
Sur la question de l'attractivité, la Cnam compte en tout cas sur le relais des CPTS « pour convaincre » les médecins libéraux d'utiliser les assistants médicaux ou les infirmiers en pratique avancée. Déterminé à accompagner les CPTS, Thomas Fatôme prend acte de certaines difficultés. « On a été sans doute trop ambitieux sur certains indicateurs, concède-t-il. Essayons de mesurer les résultats sans diminuer le niveau d'exigence. Si une CPTS veut être crédible, elle doit montrer son efficacité avec des résultats ».
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