« Pour notre village accueillant et dynamique, nous recherchons [un] médecin généraliste ». À l’entrée de Najac, beau village médiéval aveyronnais de 800 habitants, l’impressionnante banderole qui accueille le visiteur va droit au but. À l’origine de ce SOS relayé ce mardi 30 juillet par le quotidien Centre Presse, on trouve le maire Gilbert Blanc et son équipe. Élu depuis 2020, l’édile est confronté, comme beaucoup de ses homologues, à la désertification médicale. Le Dr Toufic Karroum, unique généraliste de la commune, est parti en retraite le 1er juillet.
« On cherche un successeur au Dr Karroum depuis un bon moment, confie Alain Andrieu, premier adjoint au maire de Najac. On pensait qu’il partirait à la retraite plus tard. Nous sommes inquiets car les deux médecins de la commune voisine de La Fouillade ont l’un 70 ans et l’autre la soixantaine. Eux aussi vont arrêter de travailler dans les mois et années qui viennent. »
La fragilité du centre hospitalier de Villefranche-de-Rouergue, à 30 minutes de voiture, n’est pas pour rassurer l’élu. « On manque de généralistes et de spécialistes, ce ne sont pas des conditions d’installation faciles pour un jeune médecin », reconnaît Alain Andrieu. Des internes de l’hôpital ont bien été approchés mais « voir des généralistes de l’ancienne génération, comme l’un des médecins de La Feuillade, faire des visites à toute heure les a effrayés », explique-t-il. « Ils préfèrent travailler à deux ou trois en cabinet pendant la semaine, pas pendant la nuit! »
Médicobus, salariat : pas si simple
Le maire, qui se confie à Centre Presse, voit lui aussi la situation comme « préoccupante ». Selon lui, « les politiques menées depuis des années, entre numerus clausus et marchandisation de la santé » n’ont pas aidé. Gilbert Blanc estime également que la pénurie de médicaments, la dégradation de l’hôpital public et le manque de soignants sont à l’origine de « conditions de travail souvent impossibles pour ceux en place ».
Outre la banderole, le village ne ferme aucune option pour tenter de séduire un nouveau médecin. Mais, comme pour la plupart des bourgs au budget limité, aucune solution ne peut être envisagée sans le prisme financier. « J’ai parlé du médicobus, qui existe dans d’autres départements de la région, mais le coût de fonctionnement est un problème pour nous », admet Alain Andrieu.
Même chose pour salarier un médecin, mettre à sa disposition une habitation à loyer modéré, aider son conjoint ou sa conjointe dans sa recherche d’emploi : des idées attirantes pour les futurs professionnels mais loin d’être indolores pour les communes. «Si notre médecin avait été maître de stage, ça aurait été plus facile de lui trouver un successeur, ça, c’est une bonne solution pour passer le relais, mais avec des si… », raisonne Alain Andrieu.
À défaut d’avoir sa propre maison de santé, Najac espère prendre appui sur celle, en construction, de La Fouillade, voisine de sept km. Portés par la communauté de communes et par la mairie, les travaux ont commencé en février. La structure ne devrait pas sortir de terre avant deux ou trois ans. Une éternité pour les habitants dépourvus de médecin traitant.
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