"Doit-on enseigner aux jeunes médecins le toucher vaginal ou rectal sur des patient(e)s endormi(e)s au bloc ?". Un article de Metronews publié en début de semaine relayait un document publié sur le site de la Faculté de médecine Lyon Sud Charles-Mérieux, laissant penser que ces méthodes étaient employées par ses étudiants. Des allégations fermement démenties depuis par l'établissement dès mardi soir. Selon une porte-parole de l'université Claude-Bernard Lyon 1, dont dépend la faculté, le document cité par Metronews est ancien et figurait par erreur sur son site. "Il n'a jamais été organisé de formation sur des patientes endormies (...) Ce n'est pas possible, ce n'est pas éthique, ce serait inacceptable", affirmait aussi mercredi le chef du service de gynéco de Lyon Sud, François Golfier.
Pour autant, certains ne semblent pas convaincus de l’absence de ces pratiques. C’est le cas d’une cinquantaine de médecins, journalistes et féministes qui ont publié vendredi une tribune dénonçant de telles pratiques. Les initiateurs de cette tribune se place d’emblée dans un cadre plus large que celui de Lyon : "Pratique jusqu'alors largement niée", selon eux, le toucher vaginal ou rectal sur des patient(e)s inconscient(e)s et non informé(e)s à des fins pédagogiques est "évoqué dans plusieurs blogs, par des témoignages de futurs médecins et même attesté par des documents", affirment les signataires. Les auteurs de la tribune assurent aussi que "bon nombre de professionnels de la santé et d'internes" ont justifié ces pratiques, expliquant "qu'ils doivent apprendre leur métier, et qu'il est préférable que la patiente ne sente rien, ne se souvienne pas que plusieurs inconnus sont passés la ’voir’ ".Or ce ne sont pas des "gestes anodins", martèlent-ils, ni pour les patients, ni pour le futur médecin. "Négation" des droits du malade, le toucher vaginal "effectué sans consentement pourrait même être assimilé, au sens pénal, à un acte de pénétration sexuelle commis sur la personne d'autrui par contrainte ou par surprise, c'est-à-dire un viol", mettent-ils en garde.
Parmi ces protestataires indignés, on trouve Clara de Bort, responsable de la réserve sanitaire à l’Eprus, le directeur de l’hôpital de Moulins, Pierre Thépot, l'association Osez le féminisme et aussi quelques généralistes comme l’écrivain Martin Winckler, les Drs Gilles Lazimi et Claire Rondet ou l’interne Baptiste Beaulieu, auteur du blog "Alors voilà". Ils demandent aux ministres Marisol Touraine (Santé) et Najat Vallaud-Belkacem (Enseignement supérieur) "de faire toute la lumière sur cette affaire et les conditions de l'apprentissage pratique des futurs médecins" en chargent l’inspection de l’Education Nationale (IGAENR) d’une enquête. Les signataires réclament aussi le recueil systématique du consentement des patients "sur les actes pratiqués par des étudiants dans l'ensemble des hôpitaux français".
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