La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministère de la Santé) s’est attachée à savoir quelles mesures les Français privilégieraient pour réduire le déficit de la branche maladie de la Sécurité sociale.
Pour ce faire, les statisticiens ont étudié les données issues de la dernière vague de leur baromètre annuel publié le 12 juillet sur l’opinion des Français à l’égard de la santé, de la protection sociale et des inégalités sociales. En 2023, 4 000 personnes ont été interrogées en face-à-face du 16 octobre au 19 décembre.
Concernant le trou de la Sécu et dans l’hypothèse où ce dernier deviendrait trop important, les Français sont plus de huit sur dix (85 %) à se prononcer en faveur d’une taxation accrue des fabricants de médicaments. 77 % d’entre eux seraient favorables à ce que les infirmiers ou les pharmaciens effectuent certaines tâches à la place des médecins, comme le renouvellement d’ordonnance. Cette part a augmenté de 13 points depuis 2015. En troisième position dans l’ordre des réponses, les personnes interrogées sont également plutôt favorables à limiter les tarifs des professionnels de santé (73 %) et à modifier les habitudes des médecins pour qu’ils prescrivent moins de médicaments et d’examens (63 %). L’adhésion à ces deux mesures a baissé de 8 points entre 2019 et 2023.
Trois autres mesures, susceptibles de peser sur le pouvoir d’achat de la population, sont bien moins acceptées par les enquêtés dès qu’ils sont directement concernés : la réduction de la prise en charge des longues maladies par la Sécurité sociale, discutée un temps par le gouvernement, comme l’augmentation des cotisations, ne recueille l’assentiment que de 16 % des personnes interrogées. Cependant, 32 % se disent favorables à la limitation du remboursement de la Sécurité sociale pour certaines prestations. Cette dernière mesure est sensiblement moins soutenue en 2023 par rapport à 2015 (-13 points).
Un Français sur cinq n’a pas consulté de médecin en 2023
Autre information, au cours de l’année 2023, huit personnes sur dix, âgées de 18 ans ou plus, résidant en France métropolitaine, ont consulté un médecin. Dont une au moins une fois par téléconsultation (8 % des enquêtés en vidéo, 1 % par téléphone et 1 % via les deux canaux).
Dans le détail, les personnes âgées de moins de 50 ans ont téléconsulté trois fois plus souvent que la tranche d’âge des 65 ans ou plus (12 % contre 4 %). Et ce sont les individus « résidant dans des unités urbaines densément peuplées » qui ont également davantage eu recours à la téléconsultation (12 %).
À l’inverse, deux personnes sur dix n’ont vu aucun médecin durant l’année 2023. L’enquête révèle que plus les patients sont jeunes, moins ils consultent. En effet, un quart des 18-34 ans n’a pas consulté de médecins contre un peu moins d’un sur cinq parmi les 35 ans ou plus. Un phénomène qui est plus élevé dans les territoires ruraux où près de 30 % de la population ayant répondu à l’enquête déclare ne pas avoir consulté de médecin (contre 20 % dans les unités urbaines de moins de 100 000 habitants et 15 % dans les unités urbaines plus peuplées).
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre