C’est ce qui s’appelle parler d’une seule et même voix et ce n’est pas si fréquent dans la profession : dans une lettre commune, les six syndicats représentatifs des médecins libéraux (CSMF, MG France, SML, Avenir Spé-Le Bloc, FMF et UFML-S) réclament aux trois ministres de tutelle (Catherine Vautrin, Yannick Neuder et Astrid Panosyan-Bouvet) un décret actant l’augmentation de 2,5 % de la valeur du point de retraite du régime PCV (prestation complémentaire vieillesse, ex-ASV) pour l’année 2025 (et ce rétroactivement).
Plus connu sous le nom ancien d’ASV – ou « avantage social vieillesse » - ce troisième régime de retraite des médecins libéraux représente tout de même 33 % de la pension mensuelle moyenne. « Cette demande intersyndicale fait suite à des projections financières de la Carmf qui montrent que cette augmentation est possible sans déséquilibrer le régime », assure au Quotidien le Dr Yves Decalf, président du Syndicat national des médecins concernés par la retraite (SN-MCR).
Issu directement de la convention médicale, le régime spécifique ASV est cogéré par les syndicats représentatifs des médecins libéraux et l’Assurance-maladie qui prend en charge les deux tiers des cotisations des médecins de secteur 1. Il représente 1,18 milliard d’euros de prestations. Mais la décision finale de revaloriser la valeur du point revient in fine au ministre de la Santé (par décret généralement en cours d’année avec application rétroactive au 1er janvier).
Puiser dans les réserves ?
En quasi-faillite en 2011, l’ASV a été sauvé par une réforme drastique associant une baisse de la valeur du point de service avec un blocage pendant dix ans et une hausse des cotisations. Des réserves ont pu être reconstituées à un niveau estimé à 588 millions d’euros fin 2024, insistent les syndicats dans leur missive aux ministres. Depuis quatre ans, des hausses de la valeur du point ont été décrétées par les ministres successifs à hauteur de +0,40 % en 2021, puis 1,06 % en 2022 et encore 2 % en 2023 mais zéro revalorisation en 2024.
Pour l’année 2025, au regard des projections du régime jusqu’en 2040, les syndicats ont donc soumis cette proposition de hausse (+2,5 % à compter de janvier) jugée équilibrée à leurs yeux puisqu’elle n’induirait pas d’évolution des cotisations pour les confrères cotisants. « On va puiser environ 28 millions d’euros dans les réserves », confie le Dr Yves Decalf, rappelant que « la tutelle nous oblige de garder trois mois de réserves, soit environ 294 millions d’euros sur les 588 millions d’euros actuels ».
Au-delà, les six syndicats réclament « une concertation annuelle » avant la fin de chaque année permettant de fixer la valeur de service du point l’année suivante (ce qui éviterait des complications techniques au niveau de la Carmf et serait beaucoup plus lisible pour les allocataires). « Cette concertation annuelle n’est prévue nulle part, regrette le président de la CSMF. Mais au vu de l’évolution de l’inflation, la retraite des médecins doit être améliorée. »
Depuis 2023, la valeur du point de l’ASV s’élève à 11,71 euros. La hausse de 2,5 %, si elle était actée, ferait passer cette valeur de service à 12 euros.
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