Réforme : l'Ordre veut dynamiser les carrières des médecins

Publié le 26/01/2016
propositions cnom

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Crédit photo : PHANIE

"Il faut redonner à la Santé la place qu'elle mérite. Elle doit être une priorité politique". A quinze jours de la "Grande Conférence de Santé" organisée par le gouvernement, Patrick Bouet, déplore "l'échec des différentes réformes" depuis trois décennies et le président du Conseil de l'Ordre entend donner quelques idées aux pouvoirs publics pour relancer ety le secteur et ses acteurs.

Dix propositions pour trois grandes priorités : telle est l’équation que pose l’Ordre des médecins dans son « Livre blanc pour l’avenir de la santé ». Cette contribution ordinale achève six mois de travaux préparatoires. Pour le président de l’Ordre, il n’est plus tant question de remédier aux insuffisances de la loi Touraine que d’envisager, dès maintenant, une prochaine réforme. « Il faut débloquer de puissants verrous », assène le président de l’Ordre pour qui le système de santé fait l’objet de « dysfonctionnements nombreux ». « Depuis trois décennies, tout est toujours plus complexe », assure-t-il. 

 

Un échelon de base : le "bassin de santé de proximité"

 

Que ce soit en matière d’organisation territoriale ou d’exercice professionnel, l’Ordre entend d'abord procéder à une débureaucratisation du système. A commencer par sa gouvernance. Il s’agit d’insuffler davantage de démocratie sanitaire « à tous les niveaux territoriaux » et en particulier au niveau du "bassin de santé proximité". Car si « la profession est largement présente dans la concertation », Patrick Romestaing, vice-président de l’Ordre, juge qu’elle doit « au-delà, être dans le pilotage et la prise de décision ».

Cette piste d’action comprend également un volet de simplification administrative afin de redonner du temps médical aux médecins. Une revendication largement partagée par la profession : presque la totalité des 30 000 praticiens ayant répondu au questionnaire de l’Ordre jugeait en effet qu’« augmenter le temps médical en réduisant la complexité administrative » constituait l’action prioritaire. « Préserver le temps médical est la meilleure façon de proposer un système efficient pour tous », souligne Patrick Romestaing. Outre la mise à disposition des médecins d’une aide administrative, l’Ordre plaide pour une harmonisation des systèmes d’information, la mise en place d’une messagerie sécurisée et interopérable et du dossier médical partagé.

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Recertification pour tout le monde

 

Deuxième piste : la dynamisation des carrières. Celle-ci répond au constat dressé par les praticiens « d’une difficile évolution de carrière dans la profession, due à une prise en compte du parcours professionnel trop limitée ». D’après les résultats du questionnaire de l’Ordre, plus de huit médecins sur dix souhaitaient d’ailleurs voir « valoris(és) les acquis de l’expérience dans les carrières médicales ». Patrick Bouet suggère donc la mise en place d’« un bonus naturel lié à l’expérience professionnelle » dont le financement relèverait de l’Assurance maladie. Versé annuellement et basé sur le nombre d’actes réalisés par le praticien, il serait déclenché par chaque recertification.

Un concept que l’Ordre défend à plusieurs égards. Car au-delà de générer une rémunération supplémentaire, cette recertification doit permettre aussi de renforcer la formation continue. Différente d’un processus diplômant, elle serait pilotée par l’Ordre, en parallèle du développement professionnel continu (DPC). Réalisée tous les six, elle prendrait en compte le DPC du médecin, l’analyse et la répartition de son activité ainsi que son « portfolio », dossier constitué à partir de la deuxième année d’étude et recensant ses acquis, expériences et compétences. « À visée promotionnelle », cette recertification devrait permettre d’ « améliorer le parcours individuel » du médecin, explique Patrick Bouet.

 

Faire des zones désertifiées, des accélérateurs de carrière

 

La carrière des médecins pourrait d’ailleurs commencer par un nouveau « parcours post-DES de territoire ». Seule proposition intéressant la question des déserts médicaux, cette nouvelle réponse se base sur le volontariat des jeunes médecins, avant leur installation. En échange d’un exercice de trois ans dans une zone sous-médicalisée, ils profiteraient d’avantages sociaux et conventionnels, comme l’accès automatique au secteur 2, ainsi qu’une progression de carrière plus rapide.

Les parcours professionnels pourraient également être davantage ouverts et décloisonnés. C’est en tout cas le sens de plusieurs propositions de l’Ordre en faveur d’une plus grande mobilité des médecins, permise notamment l’instauration d’une couverture sociale équivalente pour tous les médecins et la préservation des droits acquis à l’occasion d’un changement d’exercice. L’institution souhaite également « promouvoir et faciliter les coopérations inter et intra-professionnelles».

 

Repenser la sélection et la formation

 

Au chapitre de la formation, le Cnom propose de créer un numerus clausus "régionalisé" qui prenne en compte les besoins des territoires en fonction des spécialités. Les épreuves classantes nationales (ECN), grâce auxquelles les étudiants choisissent leur centre hospitalier universitaire d'affectation et leur spécialité, seraient ainsi remplacées par des épreuves interrégionales. Il propose aussi d'accorder aux étudiants en médecine des équivalences vers d'autres filières universitaires notamment en cas d'échec au concours de première année.


Source : lequotidiendumedecin.fr