L’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) a formulé ce mardi plusieurs propositions pour tenter de résoudre la crise que traversent les services d'urgence et l’hôpital en général. Le président du syndicat et son porte-parole, les Drs Patrick Pelloux et Christophe Prudhomme demandent notamment un moratoire immédiat sur les fermetures de lit et les mesures d’économie imposées à l’hôpital. Mais les deux hommes prônent aussi « la coopération entre les systèmes » car la modernisation ne se fera pas avec « l’hôpital d’un côté et les autres acteurs de l’autre », estime Patrick Pelloux.
Si en 20 ans, les passages aux urgences sont passés de 8 millions de personnes à 21 millions, c’est à cause des dysfonctionnements de tout le système de santé et donc aussi de la médecine de ville, estiment les deux urgentistes. « Encore récemment j’ai entendu un député En marche, qui se dit ancien urgentiste, dire : "les gens viennent aux urgences pour rien". Il a oublié ce qu’était le métier. Les gens viennent car ils ont cherché un généraliste et qu’aujourd’hui les médecins, on ne leur jette pas la pierre, répondent : je suis débordé, je ne peux pas prendre de patients supplémentaires », souligne Christophe Prudhomme. « La médecine libérale traditionnelle ne fonctionne plus, elle est en train de mourir et ne répond pas du tout aux besoins », ajoute-t-il.
Pour une « régulation intelligente de l'installation »
L’AMUF propose donc de revoir l’organisation des soins de ville s'appuyant sur des centres de santé avec de médecins salariés, la possibilité de réaliser des examens complémentaires à des horaires élargis. Le syndicat a réitéré cette proposition déjà formulée en octobre dernier. « Nous, ce qu’on défend c’est le service public. Si l’on crée des centres de santé rattachés aux hôpitaux, on règle quand même beaucoup de problèmes. Le médecin salarié va demander à travailler à un endroit où l’on ouvre des postes, donc il y a une régulation intelligente de l’installation. Le tiers payant se fait puisque c’est rattaché à l’hôpital et la gestion du dossier médical est assez simple car c’est le même système informatique », détaille Christophe Prudhomme. Pour soulager les urgences, l’Amuf estime également qu’il faut rétablir les visites à domiciles, que « les médecins traitant ne font plus car elles sont très chronophages et qu’ils ont déjà trop de travail ».
Arrêter de former des spécialistes
Mais pour le syndicat tout doit commencer par une réforme de la formation, Patrick Pelloux et Christophe Prudhomme jugent qu’il faut arrêter de former des spécialistes pour former des généralistes en ville et à l’hôpital. « Le modèle hospitalo-universitaire s’autoreproduit parce que les gens qui forment les médecins sont justement ces spécialistes des grands CHU. Ils veulent donc former des spécialistes et ont dévalorisé la médecine générale », explique le Dr Prudhomme.
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