Fin novembre, le Dr Méheut-Ferron, généraliste à Angerville-la-Martel (Seine-Maritime) était mis en examen pour avoir involontairement causé la mort de cinq personnes âgées en prescrivant un médicament réservé à un usage hospitalier. Quelques jours plus tard, une pétition de soutien au praticien vient d'être lancée par des confrères du secteur et a déjà reçu près de 1 000 signatures. « Le Docteur Méheut-Ferron est un médecin dévoué qui ne compte pas ses heures. Disponible 24h/24, 7j/7 pour les patients et les infirmières en soins palliatifs. Il a utilisé un produit controversé pour des cas extrêmes en fin de vie imminente alors que les autres produits ne pouvaient plus soulager ni la douleur physique, ni la douleur psychologique », défend le texte de la pétition.
Les patients inquiets de la fermeture du cabinet
Les auteurs de la pétition déplorent les difficultés d'accès aux soins auxquelles sont confrontés les quelque 2 200 patients du médecin depuis la fermeture de son cabinet d'Angerville-la-Martel. Il était « l’un des rares médecins à accepter de nouveaux patients », souligne le texte de la pétition. Et d'ajouter : « Nous sommes contre la fermeture du cabinet et cette sanction d’interdiction d’exercer des deux Docteurs Méheut-Ferron et contre le droit de mourir en souffrant en silence », concluent les auteurs de la pétition.
Le Dr Méheut-Ferron a en effet reçu jeudi dernier une interdiction d'exercer par la cour d'appel de Rouen. Son épouse, médecin anesthésiste, a reconnu avoir fourni au généraliste des ampoules de midazolam et a été mise en examen. L'omnipraticien mis en cause a reconnu avoir prescrit et fourni ce puissant sédatif utilisé lors des arrêts de traitement autorisés par la loi en cas « d'obstination déraisonnable ». Le parquet a précisé que le généraliste n'était pas dans une démarche d'euthanasie et qu'il avait confié utiliser le midazolam « pour apaiser ses patients souffrant d'affections lourdes comme des cancers ou des insuffisances respiratoires ».
Par ailleurs, l'association locale "Un médecin pour chacun", visant à lutter contre la désertification médicale sur le territoire, a également communiqué dans Tendance ouest que « l'interdiction d'exercer (de ce médecin) crée une situation catastrophique pour un grand nombre de patients ». L'association demande ainsi aux élus locaux et à l'ARS Normandie de trouver sans délai une solution pour les patients se retrouvant sans médecin, dans cette zone déjà fortement dépourvue en généralistes.
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