18 mois de prison avec sursis ont été requis mardi devant le tribunal correctionnel de Grenoble contre le Dr Lekhraj Gujadhur, le psychiatre de l'hôpital de Saint Egrève qui avait, en 2008, la charge du schizophrène meurtrier de Grenoble. L'affaire a été mise en délibéré au 14 décembre.
Le procureur a retenu la faute caractérisée à l'encontre du médecin, maintenant septuagénaire et à la retraite. "Ce n'est pas la psychiatrie qui est jugée mais la désinvolture et le désintérêt du Dr Gujadhur qui a failli à sa mission", a estimé, sévère, le magistrat. Il a aussi reproché au praticien, exerçant depuis 1974 à Saint-Egrève, de n'avoir pas pris connaissance du dossier de ce patient dangereux en hospitalisation d'office depuis deux ans.
L'avocat de la famille et de l'ancienne compagne de la victime, Luc Meunier a rappelé que depuis 1980, Jean-Pierre Guillaud, déclaré irresponsable pénalement en 2011 et placé en unité pour malades difficiles (UMD), avait fait 6 séjours à Saint-Egrève et connu 10 hospitalisations entre 1980 et 2008. Il a énuméré les signaux d'alerte dans son comportement les jours précédents le meurtre: le 8 novembre, "sa mauvaise voix lui dit de se suicider ou de tuer quelqu'un", idem les 9 et 10 novembre. "Il n'y en a qu'un qui n'est au courant de rien mais signe tout c'est le Dr Gujadhur!", a lancé, incisif, Me Hervé Gerbi, pointant son rôle décisif dans les autorisations de sortie.
À l’inverse, l'avocat du médecin, Me Jean-Yves Balestas a rappelé que "des patients comme Jean-Pierre Guillaud, il y en beaucoup (...) je vais dire à tous mes clients psychiatres soit de verrouiller les cellules, mais c'est contraire à la loi, soit de ne pas s'en occuper". Il a plaidé la relaxe pour son client, "troisième victime de cette affaire", qui a fait une tentative de suicide après cette affaire et a cessé d'exercer.
Quant au Centre hospitalier poursuivi comme personne morale pour homicide involontaire, le procureur a retenu la "faute simple" pour défaut d'application d'une note de service sur le contrôle des sorties des patients. Une amende de 100.000 euros avec sursis ayant par ailleurs été requise contre l'établissement, qui a grillagé son parc grâce à des fonds publics débloqués après le drame. A la barre, le directeur de l'établissement Pascal Mariotti, arrivé cinq mois après les faits, a estimé que "l'hôpital doit assumer sa responsabilité morale", "les moyens étaient là le 12 novembre, l'institution a dysfonctionné".
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