Déjà engagés dans un mouvement de dépassement d’honoraires depuis septembre, 65 des 690 médecins généralistes libéraux des Pyrénées-Atlantiques envisagent de se déconventionner à partir du 1er janvier 2025. Tous adhérents du collectif pour une médecine libre et indépendante local (Comeli 64), ces praticiens ont signé leur lettre d’intention sur le site (www.deconventionnement.fr) créé par le syndicat UFML-S.
Un rassemblement à Pau est programmé le 12 mars devant la caisse primaire d’assurance-maladie pour officialiser leur annonce et « demander des informations sur les conséquences du déconventionnement pour les patients et les solutions envisagées pour les protéger », indique au Quotidien le Dr Vonick Corvest, l’un des porte-parole du Comeli. À l’avant-veille de la quatrième réunion multilatérale entre la Cnam et les syndicats, prévue le 14 mars, cette manifestation vise surtout à « mettre la pression » et soutenir les syndicats de médecins libéraux en pleines négociations conventionnelles.
La colère est montée d’un cran localement, surtout depuis la mise sur la table des propositions tarifaires de la Cnam, le 8 février. Face aux charges « galopantes » du cabinet médical, la revalorisation du tarif de la consultation à 30 euros promise par l’Assurance-maladie est loin d’être « acquise », signale le Dr Corvest, généraliste installé depuis 2009 à Bizanos. « Nous sommes choqués par le chemin pris par ces négociations conventionnelles car nous voyons bien que le gouvernement et la Sécu ne souhaitent pas nous valoriser », ajoute-t-il.
Nous voyons bien que le gouvernement et la Sécu ne souhaitent pas nous valoriser
Dr Vonick Corvest, porte-parole du Comeli des Pyrénées-Atlantiques
Et pourquoi pas 50 euros ?
De fait, certains médecins mécontents envisagent de facturer leur consultation aux alentours de 50 euros, un tarif revendiqué depuis le début des négociations par l’UFML-S et la FMF. « Cinquante euros, c’est une façon de récupérer une certaine liberté et probablement un moyen d’attirer les jeunes qui préfèrent rester dans le remplacement », justifie le Dr Corvest. « Si on se déconventionne, les patients seront remboursés à hauteur de 0,65 euros par l’Assurance-maladie, c’est inadmissible mais on n’en peut plus. On se sent humiliés et rabaissés par la Sécu », ajoute le médecin.
Pour celui qui est aussi adhérent à l’UFML-S, d’autres raisons ont attisé la grogne des médecins du département, dont la nomination de l’ancien président de la Fédération hospitalière de France comme ministre délégué à la Santé. « Nous sommes outrés par les propos tenus par Frédéric Valletoux notamment sur la permanence des soins », confirme le Dr Corvest. Depuis sa nomination, l’ancien député Horizons a pourtant tenté d’apaiser les tensions. Mais c’est loin d’être gagné.
Le 12 mars, les patients sont invités à se rendre devant la caisse primaire de Pau pour « échanger » avec les membres du collectif. « La Sécu doit leur expliquer pourquoi leurs médecins veulent se déconventionner et ce qu’elle compte faire pour les garder au sein de la convention », espère le généraliste. Une rencontre a été demandée ce jour-là avec la caisse locale mais celle-ci pourrait ne pas avoir lieu « en raison d’incompatibilité d’emploi du temps », selon le collectif 64. Sollicitée, la Cpam n’a pas donné suite au Quotidien.
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