Alors que la dernière ligne droite des négociations conventionnelles se profile, la Fédération SOS médecins, qui rassemble 63 associations et 1 300 médecins généralistes, tire à nouveau un signal d’alarme sur « le risque de disparition des visites à domicile », cœur du métier de ces praticiens spécialistes de l’urgence.
Chiffres à l’appui, le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS médecins, explique que cette activité de visite est passée « de 77 millions d’actes il y a 20 ans au niveau national à 13 millions l’année dernière dont 1,3 million par SOS. La pente se poursuit et il ne reste que le noyau dur ». Cette « dégringolade » s’explique notamment par les difficultés de trouver les médecins volontaires, qui préfèrent les consultations en point fixe « plus attractives ».
Actes chronophages
Aujourd’hui, l’écart de rémunération entre les visites à domicile en journée (8 heures à 20 heures) et les consultations au cabinet est seulement « de 10 euros » (36,50 à euros pour la visite et 26,50 euros pour la consultation) et de « 3,50 euros la nuit et le week-end » (72,50 euros versus 69 euros). Or, les visites sur appel du 15 sont concentrées sur les cas les plus lourds avec souvent des patients âgés. « Il y a cinq fois plus de patients hospitalisés vus en visites. Cela veut dire aussi que ces actes demandent plus de temps et sont plus longs », ajoute le Dr Cyrille Chaugne, président de l’antenne Toulousaine de SOS.
Pour cette raison notamment, le combat de SOS est de valoriser toutes les visites de soins aigus, qui seraient cotées comme des visites longues à 70 euros. Seule façon de « ressusciter » la visite à domicile dans les territoires… La Fédération revendique aussi une astreinte de continuité des soins pour la prise en charge en visite à domicile des appels issus du Samu Centre 15 à 100 euros par heure. « Si on veut que les patients soient pris en charge rapidement, cette astreinte est légitime », ajoute le Dr Chaugne.
Gagnant-gagnant
La valorisation des visites serait « gagnant-gagnant », plaide SOS, car elle permettrait de soulager les services d’urgences et de libérer les transports sanitaires.
L’autre combat de SOS concerne « l’équité de traitement sur les consultations de soins aigus » de ses praticiens, dans les centres de l’association. S’estimant complémentaire aux médecins traitants sur ce terrain, la Fédération réclame une valorisation du G à 30 euros, identique à celle des médecins traitants. « Or, il y a un risque que les médecins de SOS soient exclus », craint le Dr Chaugne.
SOS médecins propose également à la Cnam de s’appuyer sur son réseau pour aller vers les patients sans médecin traitant. « Actuellement, des patients ne sont pas pris en charge et surtout les personnes les plus âgées compliquées à gérer », ajoute le médecin.
Dans ce contexte, la Fédération juge que les avancées de la Cnam en matière de visites restent floues et insuffisantes à ce stade. L’Assurance-maladie a certes proposé la création d’une majoration de 6,50 euros sur les visites les samedis après-midi/dimanche, en nuit profonde et non profonde, mais aussi la revalorisation des cotations SNP et MRT à 20 euros (contre 15 euros) entre 19 heures et 21 heures pour les visites régulées. « Nous devrions en bénéficier, relève le Dr Serge Smadja, président de SOS médecins de Paris. Mais nous sommes surtout attachés à ce que l’écart entre la consultation et la visite reste suffisant élevé pour inciter vraiment les médecins à poursuivre les visites à domicile. »
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