À l'aube d'une potentielle deuxième vague épidémique de Covid-19, la plateforme Covigie s'est intéressée aux mesures à mettre en place selon les soignants pour anticiper les futures crises épidémiques. Porté par des organisations de soignants de premier recours dont la Société Française de Médecine Générale et le Collège de la médecine générale, le rôle du projet Covigie est de faire remonter les signaux faibles constatés dans la prise en charge ambulatoire des patients Covid. Dans une enquête menée auprès de 1 000 soignants, dont 66 % de médecins généralistes et 22 % de pharmaciens, la plateforme observe qu'au 21 juin, il n'y avait pas de consensus sur le moment opportun pour mettre fin aux règles sanitaires imposées à la population. 19 % de soignants considéraient qu’elles devraient être arrêtées immédiatement, 20 % dans deux semaines et 20 % après l’été.
À l'heure où de nombreux médecins se mobilisent pour faire imposer le port du masque dans les lieux clos, sans surprise, les répondants à l'enquête Covidie estiment à 85 % que les règles sanitaires doivent être maintenues dans les transports en commun, 78 % dans les lieux de soins et 76 % dans les Ehpad. Les soignants sont respectivement 69 et 64 % à souhaiter que les mesures soient maintenues dans les salles de spectacle et les lieux de culte. Ils sont par exemple 77 % à encourager le port de masque hors du domicile lorsque la distance d'un mètre ne peut pas être respectée pendant les épidémies et 63 % en cas d'infection respiratoire aiguë, même hors épidémie.
Que retenir de la crise du Covid dans les cabinets ?
Covigie s'est également intéressée à ce qu'il faudra retenir comme mesures à mettre en place après la crise du coronavirus. Ainsi, les répondants sont neuf sur dix à plébisciter le lavage des mains et la communication sur les règles d’hygiène même hors épidémie. Ils sont également 77 % à souhaiter mettre à disposition du gel hydroalcoolique dans les lieux de soins au-delà des crises sanitaires. Respectivement 75 et 68 % veulent également retenir une communication accrue entre soignants et autorités hors crise épidémique.
Enfin, plus de 300 soignants ayant répondu à l'enquête estiment que des leçons devront être tirées dans la promotion « de l’éducation à la santé, l’adoption des gestes barrières et les mesures de distanciation physique ». 250 estiment aussi qu'il faudra mieux « anticiper pour disposer du matériel de protection nécessaire en temps de crise » et « privilégier une communication fluide et claire des autorités vers les soignants, vers la population générale et entre soignants ». Ils sont également nombreux à demander une meilleure reconnaissance du rôle des praticiens de premier recours dans les futures crises épidémiques. « Faire confiance aux acteurs de terrain et leur donner les moyens d'organiser les ripostes au plus près des réalités », propose un médecin généraliste. « Favoriser les actions de proximité portées par les acteurs de ville : CPTS MSP. Proximité, et stop à l'hospitalo-centrisme », estime un autre médecin de famille.
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