À l’origine de près de 140 000 décès chaque année, les maladies cardiovasculaires constituent la deuxième cause de décès en France après le cancer. Elles comprennent l’ensemble des affections touchant le cœur et les vaisseaux sanguins, comme la maladie coronaire, les valvulopathies ou encore les troubles du rythme cardiaque. Elles exposent également à de nombreuses autres complications aiguës (infarctus du myocarde, œdème pulmonaire, accident vasculaire cérébral…) et sont souvent associées entre elles ou à d’autres pathologies chez un même patient. Ce qui implique souvent une prise en charge complexe et en augmentation du fait du vieillissement de la population française.
Des besoins plus importants
Acteurs principaux de la prise en charge et du suivi des patients, les cardiologues sont confrontés à plusieurs défis face aux besoins croissants de soins avec des effectifs réduits.
Près de 25 % des cardiologues ont plus de 60 ans
En 2022, plus de 15 millions de personnes étaient prises en charge pour maladie cardio-neurovasculaire, risque cardiovasculaire ou diabète ; une population en croissance de 2,5 % par an en moyenne selon les estimations de l’Assurance-maladie. Dans le même temps, « la population de cardiologues diminue régulièrement depuis plusieurs années et plus particulièrement ceux exerçant en libéral », déclare le Pr Bernard Iung, cardiologue à l’hôpital Bichat, à Paris, et président de la Société française de cardiologie (SFC).
La population des cardiologues est vieillissante : 24,5 % des cardiologues ont plus de 60 ans, ce qui laisse présager de prochains départs à la retraite, soit 220 par an jusqu’en 2027 selon les estimations du livre blanc 2022 du Conseil national professionnel cardiovasculaire (CNPCV). Néanmoins, des signes d’amélioration apparaissent puisque le nombre de postes ouverts à l’internat a augmenté, passant de 193 en 2022 à 199 pour la rentrée 2023. Si bien que « pour la première fois cette année, la tendance à la baisse s’inverse et nous nous attendons à une stabilisation probable des effectifs vers 2028-2030 », explique le Pr Bernard Iung.
Dans l’immédiat, il en résulte des difficultés d’accès aux soins, notamment primaires, qui se fait majoritairement via les consultations en libéral. À cela s’ajoutent des inégalités d’accès selon les départements. On compte en moyenne 7,8 cardiologues pour 100 000 habitants en France, avec des écarts importants puisque cette densité descend à 2,6 en Haute-Saône et s’élève à 14,1 en Gironde.
Faire évoluer les pratiques
Face à cette pénurie, des réponses peuvent venir de la délégation de tâches à d’autres professionnels de santé comme les assistants médicaux, les infirmiers en pratique avancées (IPA), les infirmiers et les techniciens en échographie cardiaque. Travaillant sous la supervision des cardiologues, ces professionnels de santé assureront un meilleur suivi des patients tout en permettant une meilleure coordination des soins. « On peut souligner l’apport des infirmiers spécialisés en insuffisance cardiaque, qui procurent une prise en charge coordonnée des patients en leur proposant un traitement optimal ; des coordinateurs de parcours de soins pour optimiser la prise en charge avec la programmation des examens et l’organisation du retour à domicile, notamment pour les patients âgés », souligne le président de la SFC.
D’autres solutions ont été avancées par la profession dans le livre blanc du CNPCV 2022 pour améliorer la prise en charge des patients en cardiologie. Les cardiologues demandaient notamment de renforcer l’attractivité de cette spécialité, d’impliquer l’ensemble des cardiologues dans les filières de soins non programmés ou encore de mettre à profit les nombreuses innovations dans ce domaine.
De nombreuses innovations
Car la cardiologie demeure une spécialité extrêmement dynamique et certaines avancées technologiques offrent une amélioration des pratiques. Que ce soit dans les traitements, les interventions ou la pratique, de nombreuses innovations sont intervenues pour améliorer la prise en charge des malades. « Les avancées des dernières années concernent des techniques de cardiologie interventionnelle, les procédures de soins, les techniques chirurgicales ou encore des traitements médicamenteux », détaille Bernard Iung. Les applications sont nombreuses et couvrent un champ toujours plus vaste avec des exemples comme le cœur artificiel, les traitements percutanés des valvulopathies ou encore les dispositifs médicaux connectés.
Autre avancée majeure, l’intelligence artificielle est, elle aussi, amenée à prendre une place importante dans la pratique de la cardiologie. « Elle intervient dans différents aspects de la pratique et produit en effet des résultats positifs, en interprétation d’imagerie par exemple », souligne le professeur Iung. Mais aussi à différentes étapes de l’examen d’imagerie, comme pour l’acquisition de coupes idéales en échocardiographie ou encore pour produire un compte rendu final pour le patient et le médecin.
De nouveaux outils ou traitements qui favorisent une meilleure prise en charge des patients et facilitent le travail des cardiologues, qui doivent « garantir aux patients l’accès à ces innovations », conclut le professeur Iung.
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