LE QUOTIDIEN : Les pouvoirs publics tablent sur 40 000 médecins ayant réalisé au moins une ordonnance numérique d’ici à fin 2024. Est-ce réaliste ?
Jean-Baptiste Milone : Oui, cet objectif est réaliste puisque près de 10 000 médecins, exclusivement des généralistes, ont déjà réalisé au moins une ordonnance numérique. Nous ambitionnons aussi que 75 % des logiciels aient terminé leur présérie avant fin 2024, étape d’expérimentation indispensable pour être compatibles à l’ordonnance numérique, avant la généralisation fixée d’ici à 2025. Actuellement, cinq logiciels de gestion de cabinet et deux de gestion d’officine ont terminé avec succès l’étape de la présérie, 14 autres sont en phase d’examen.
Pourquoi l’ordonnance numérique est-elle devenue indispensable ?
L’objectif est de fiabiliser et de sécuriser l’ordonnance, et à terme de la dématérialiser. Chaque ordonnance aura un QR code unique, ce qui permettra de limiter les fraudes ou les délivrances multiples de médicaments. Une fois qu’un QR code a été flashé, un pharmacien sait qu’une ordonnance a déjà été délivrée. L’ordonnance numérique est aussi une avancée pour le patient. Une copie est envoyée systématiquement dans son dossier médical dans Mon espace santé. Il ne perdra plus ses ordonnances. Des fonctionnalités lui permettent déjà d’envoyer directement, via la messagerie de santé sécurisée, l’ordonnance à un pharmacien en particulier, ce qui permettra à ce dernier de préparer la délivrance.
Comment comptez-vous convaincre les médecins ?
Plusieurs actions sont engagées, notamment dans le cadre du projet Sentinelle du Ségur numérique, qui a pour vocation de suivre et de faciliter l’adoption sur le terrain des nouveaux services numériques. Une campagne a été lancée par l’Assurance-maladie avec les délégués du numérique en santé, qui vont rencontrer l’ensemble des médecins pour les accompagner dans le déploiement de cette ordonnance numérique. Les éditeurs de logiciels peuvent également, lorsqu’ils leur installent de nouvelles versions, expliquer aux praticiens comment fonctionne l’ordonnance numérique.
Aujourd’hui, les pharmaciens semblent plus favorables que les médecins à la e-prescription…
Les pharmaciens voient l’intérêt d’utiliser l’ordonnance numérique puisqu’elle permettra de lutter contre les fausses ordonnances et leur fera gagner du temps ! Notre travail va être de faire prendre conscience aux médecins que l’ordonnance numérique apportera un gain majeur de fiabilité pour le circuit de la prescription, et par là même pour le système de santé, à un moment où la lutte contre la fraude est engagée. Nous travaillons avec les éditeurs sur l’ergonomie des logiciels afin d'améliorer l’expérience utilisateur et rendre l’usage de ce nouvel outil plus facile et agréable pour les médecins.
Quand l’ordonnance numérique s’appliquera-t-elle aux établissements de santé ?
L’objectif prioritaire fixé dans la feuille de route est le déploiement de l’ordonnance numérique auprès des médecins prescripteurs et des pharmacies d’officine pour les produits de santé en ville. Il y aura aussi des expérimentations auprès de prescripteurs dans les établissements médico-sociaux. L’ordonnance numérique sera mise en place dans les hôpitaux dans un dernier temps car on ne peut pas tout faire simultanément.
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