Médecin clinicien, ou de santé publique, responsable d’équipe médico-sociale, directeur coordonnateur ou encore conseiller technique… La fonction publique territoriale offre un large panel d’emploi à tous ceux qui désirent s’investir dans les questions de santé publique. Ces médecins territoriaux jouent un rôle essentiel entre population et décideurs politiques pour les enjeux d’accès territorial aux soins, de prévention et d’environnements de la santé. Cette activité reste malgré tout peu connue des médecins et étudiants.
Un cadre d’emploi unique
« Les missions des médecins territoriaux sont assez larges et recouvrent la santé publique, la promotion de la santé, la prévention, la vaccination et la protection maternelle et infantile », précise la Dr Faouzia Perrin, ancienne présidente de l’association nationale des médecins des collectivités territoriales (Méditoriales) et autrice de L’État et la santé : quelle finalité à la politique de santé ? La médecine territoriale compte un grand nombre de professions très diversifiées mais obéit à un cadre d’emploi unique. Ces praticiens sont fonctionnaires de catégorie A de la filière médico-sociale de la fonction publique territoriale et animent la politique de santé publique locale. Cela signifie qu’ils ont vocation à diriger les services médicaux et médico-sociaux à l’échelle locale pour les communes, les départements et les régions et participent à l’action sociale de ces différentes collectivités territoriales.
Ce sont des fonctions qui nécessitent « de savoir prendre en charge des situations complexes », témoigne la Dr Ginette Kawka, médecin territorial en Seine-et-Marne. Ils exercent en effet leur activité dans les services de protection de l’enfance, les services communaux d’hygiène et de santé (SCHS), les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF) ou encore dans des structures liées à l’autonomie des personnes âgées ou handicapées.
L’enseignement et la formation font aussi partie intégrante de leurs missions
Des missions diverses
Ces missions varient fortement d’un territoire à l’autre en fonction du contexte épidémiologique ou encore des stratégies de santé publiques élaborées par les collectivités. Ils peuvent par exemple être amenés à assurer la direction des examens médicaux des laboratoires territoriaux. Ils doivent savoir s’adapter aux différentes situations épidémiologiques de leur territoire d’exercice. « En cas d’épidémie, on peut nous demander de monter un centre de vaccination », se souvient Ginette Kawka. L’enseignement et la formation font aussi partie intégrante de leurs missions puisqu’ils sont appelés à faire de l’éducation en santé à des lycéens ou encore de la prévention à des bénéficiaires du RSA.
Prendre en charge l’ensemble de ces situations, complexes ou non, demande de savoir travailler en équipe et de manière transversale avec un grand nombre d’acteurs qui appartiennent au secteur social et médico-social dans le territoire couvert par leur activité. Ils sont en effet en contact aussi bien avec des médecins traitants, des assistantes sociales, des psychologues scolaires ou encore des administrations comme les agences régionales de santé (ARS).
Différents modes d’exercice
L’accès à ces professions se fait sur concours organisé par les centres de gestion de la fonction publique territoriale. Il s’agit d’une épreuve orale unique qui doit permettre à un jury d’évaluer le parcours du candidat et son expérience professionnelle. Les médecins sélectionnés sont alors inscrits sur une liste d’aptitude et recrutés par une collectivité au titre de médecin de 2e classe stagiaire pour une durée de 12 mois.
Durant cette période, ils doivent suivre une formation d’intégration de dix jours. S’il en fait la demande, le candidat peut la compléter par une formation en santé publique en convention avec le centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et l’École des hautes études en santé publique (EHESP). « La formation initiale était ambitieuse et comprenait des volets sur la santé territoriale, la promotion de la santé, le fonctionnement de l’administration ainsi que des notions de droits alors qu’aujourd’hui elle consiste en une présentation générale des collectivités », regrette la Dr Faouzia Perrin.
En 2021, un recensement du CNFPT comptait 5 480 médecins territoriaux dont 62 % de contractuels. Un statut constituant aussi bien une première approche avant d’intégrer ce corps de métier qu’un moyen de diversifier une activité libérale. Cette proportion inquiète malgré tout l’ancienne présidente de l’association Méditoriales pour qui « beaucoup de postes vacants de médecins territoriaux sont remplacés par des contractuels au sein de collectivités qui ne parviennent pas toujours à recruter, mais ces vacataires ne remplacent pas les postes de titulaires », conclut la Dr Perrin.
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