Au programme des négociations conventionnelles, le déploiement des assistants médicaux affiche un bilan « encourageant », a expliqué la Cnam aux syndicats. Ce dispositif mis en place en 2019 pour améliorer les conditions d'exercice des médecins – en leur permettant de libérer du temps médical – a connu une augmentation constante depuis 2020 pour atteindre 5 355 contrats signés mi-novembre (dont 3 136 en zone sous-dense).
Les trois quarts de ces recrutements aidés sont le fait des généralistes (4 067 contrats signés) contre 1 288 embauches d'assistants émanant des autres spécialistes. Le recrutement d'assistants médicaux attire davantage les cardiologues, ophtalmologues, pédiatres ou dermatologues.
L'échec des négociations en février n'a, semble-t-il, pas freiné l'embauche de ces auxiliaires. Actés dans le règlement arbitral, les assouplissements ont même permis de relancer une dynamique d'emploi des assistants en équivalent temps plein (ETP) complet (option 1). Les secrétaires médicaux représentent la moitié des effectifs (50 %). On recense aussi des infirmiers (8 %), aides soignants (3 %) et tout un panel d'autres profils (secrétaires administratifs, puéricultrices, psychologues, étudiants ou personnes sans emploi).
L'arrivée d'un assistant médical a-t-elle permis de libérer du temps médical ? La réponse est oui : selon le bilan actualisé de l'Assurance-maladie (sur une comparaison moyenne à 30 mois entre signataires et non-signataires), les praticiens bénéficiaires d'un contrat ont pu augmenter beaucoup plus rapidement que leurs confrères le nombre de patients médecins traitants (PMT), leur file active et le nombre d'actes/jour travaillé (+ 9,9 %, + 5,3 % et + 8,7 %). La comparaison avec l'activité des médecins non-signataires démontre ainsi un écart de l'ordre de 6 % pour le nombre de PMT, de 9,4 % pour la file active et de 8,3 % pour les consultations par jour travaillé.
Travail en équipe : vers un contrat mutualisé ?
Mais pour atteindre les quelque 10 000 contrats promis par Emmanuel Macron fin 2024, la Cnam est prête à lever certaines barrières. De fait, de nouvelles « simplifications » vont être apportées au dispositif comme la diminution de la durée de formation (de 384 à 266 heures), la hausse du nombre d'organismes de formation agréés en 2024, des travaux pour accélérer les reconversions interbranches ou un renforcement de la communication auprès des médecins avec un simulateur (montants de l'aide et objectifs).
L'Assurance-maladie suggère surtout de réfléchir à un « contrat mutualisé » pour l'emploi d'un assistant médical, dans le cadre du travail en équipe. Ce mécanisme permettrait à plusieurs praticiens volontaires d'une même spécialité exerçant au sein d'une même structure (à définir) de partager des assistants médicaux sur plusieurs patientèles. Une façon d'inciter les réfractaires au travail en équipe (31 % des généralistes exercent encore en solo) à s'engager. « Les objectifs à atteindre sont dans ce cas répartis entre les confrères, pourquoi pas », commente le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France. Reste à savoir comment les médecins pourraient s'engager dans ce type de contrat, comment seraient fixés l'objectif mutualisé (objectif identique pour tous, au niveau de la structure, à titre individuel ?).
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