La méthode de la ministre est désormais bien rodée. Visite d’une maison de santé, échanges avec les professionnels de santé qui y exercent, puis rapport d’étape sur l’évolution du plan pour « renforcer l’accès territorial aux soins ». Ce dernier continue de franchir des étapes supplémentaires même s’il recycle aujourd'hui des informations et des objectifs déjà donnés.
Après la maison de santé de Sisteron (Paca), où Agnès Firmin Le Bodo y annonçait, mi-juin, l’objectif de création de 4 000 structures pluriprofessionnelles d’ici à 2027 et l’octroi d’une enveloppe de 45 millions d’euros, c’est depuis une MSP de l’est francilien que la ministre déléguée en charge de l’organisation territoriale et des professions de santé a présenté mercredi les avancées de son plan anti-déserts médicaux. « Une maison de santé ce sont en moyenne 600 patients de plus vus chaque année », répète le ministère.
65 millions d’euros par an pour les assistants médicaux
Cette fois, l’accent a été d'abord été mis sur les assistants médicaux. Quelque 65 millions d’euros y sont consacrés chaque année pour soutenir l’emploi, dans la durée, de 10 000 assistants médicaux à l’horizon 2024, un horizon déjà fixé. La volonté affichée d’intensifier et de mieux cibler la formation de ces auxiliaires confirme l’intention, à moyen terme, de créer un nouveau métier – celui d’assistant de santé. Une orientation encouragée par un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) paru ce jeudi.
Aujourd’hui, 4 384 contrats d’assistants médicaux ont été signés. Selon les calculs de Ségur, « un assistant médical permet au médecin de libérer deux créneaux de consultation par jour. Avec le recrutement de 6 000 assistants supplémentaires (…) ce sont 50 000 créneaux de consultations en plus par semaine qui seront accessibles aux patients », expose Agnès Firmin Le Bodo. L’Assurance-maladie s‘apprête à lancer une campagne nationale d’information et de sensibilisation à l’intérêt des assistants médicaux auprès des médecins libéraux.
« Retex » du Tour de France des CPTS
La ministre a ensuite fait la part belle au déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé, en compagnie des trois auteurs du rapport issu de leur « Tour de France des CPTS », qui vient de se terminer. Un retour d’expériences déjà esquissé par la Dr Marie-Hélène Certain, généraliste aux Mureaux (Yvelines) et membre de cette mission, dans une interview au « Quotidien » ce jeudi.
Premier enseignement salué, ces pools de libéraux permettent de mieux formaliser le lien ville/hôpital, qui reste complexe et fragile. À ce titre, la création d’un « référent parcours » au sein de ces entités, « outillé et accompagné par l’ARS », devrait permettre d’identifier les acteurs clés pour améliorer l’amont et l’aval de l’hôpital. Alors que « 200 CPTS sont en émergence » et qu’environ « 200 autres restent à créer » (pour viser l’objectif d’une couverture de 100 % de la population d’ici à la fin de l’année), le financement systématique d’un coordonnateur – dès la lettre d’intention validée – « permettra de soulager les professionnels de santé initiateurs du projet et de donner une continuité dans leurs actions », ajoute le ministère.
Les CPTS (756 aujourd’hui) sont « le maillon manquant à l’échelle territoriale de l’offre ambulatoire », insiste la Dr Marie-Hélène Certain. À condition de laisser aux médecins libéraux le temps de s’en emparer. Et « de pas les y inscrire d’office », a-t-elle glissé au député (Horizons) Frédéric Valletoux, présent au sein de la MSP francilienne.
Des médicobus pour le dernier km
Agnès Firmin Le Bodo mise aussi sur les médicobus, ces cabinets médicaux mobiles dont le déploiement a été annoncé par Élisabeth Borne dans le cadre du plan France Ruralités. Un moyen « d’aller vers », les patients dans les territoires ruraux subissant de plein fouet la désertification médicale. Leur objectif est d’offrir une nouvelle possibilité d’accès au médecin traitant ou à un spécialiste pour les personnes qui en sont dépourvues.
À ce jour, dix véhicules équipés du matériel médical nécessaire sont déjà en circulation et huit sont en projet. Quelque 10 millions d’euros de subventions ont été dégagés pour cette solution mobile de santé avec l’objectif de 100 médicobus fin 2024 « financés de 30 à 50 % par l’État ». Ces cabinets mobiles, explique Agnès Firmin Le Bodo, seront appelés à sillonner les routes de France et à « faire le dernier kilomètre » jusqu’aux personnes isolées.
D’ici la fin du quinquennat, revendique le ministère, les mesures de ce plan doivent permettre à plus de deux millions de Français supplémentaires d’avoir accès à un médecin sur l'ensemble du territoire métropolitain et d’outre-mer.
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