Le changement climatique n’épargne pas le secteur de l’autonomie, qui doit entamer sa transition vers une activité davantage décarbonée. Les équipes du think tank indépendant The Shift Project ont planché sur un rapport contenant des pistes pour que les acteurs du secteur réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et leur consommation de pétrole et de gaz.
De fait, l’empreinte carbone du secteur de l’autonomie est estimée à 10 millions de tonnes de Co2 par an, soit 1,5 % de l’empreinte nationale. Un quart (27 %) des GES provient des déplacements (services à domicile, trajets domicile travail, trajets des visiteurs des résidents). 22 % sont le résultat de la consommation d’énergie des bâtiments, en particulier pour le chauffage du fioul et du gaz. 24 % proviennent de l’alimentation dans les espaces de restauration collective (1,1 million de repas chaque année), en raison du méthane (CH4) émis par l’élevage bovin et du protoxyde d’azote (N20) émis par l’épandage de fertilisants. Enfin, le quart restant est constitué des émissions dues aux rénovations des bâtiments (12 %), aux soins (7 %, médicaments, hospitalisation), aux autres déchets et à la blanchisserie (3 %). Le secteur représente à lui seul 75 millions de mètres carrés de bâtiments.
Ehpad trop gourmands
Structure par structure, 60 % des émissions proviennent des établissements de santé, 27 % des établissements et services pour personnes handicapées et 11 % des services autonomie à domicile.
Le constat est sans appel : si aucune politique publique n’est mise en place pour sortir des énergies fossiles, les émissions de GES de l’autonomie pourraient augmenter de plus de 40 % d’ici à 2050. Mais si des leviers de décarbonation sont actionnés, elles pourraient être réduites de 70 % d’ici 2050. Dans ce cas de figure, deux scénarios de décarbonation correspondant à deux versions possibles de l’évolution de la branche autonomie, ont été envisagés par The Shift Project, avec et sans virage domiciliaire.
Le secteur représente à lui seul 75 millions de mètres carrés de bâtiments
Virage domiciliaire
S’il est probable que le virage domiciliaire soit l’orientation privilégiée, « la réalité sera entre les deux », indiquent les auteurs du rapport. Cette solution permettrait une baisse de 24 % des émissions annuelles de GES d’ici 2030 contre 20 % pour l’autre option et de 70 % (versus 63 %) d’ici 2050. L’objectif serait d’atteindre une empreinte annuelle réduite à 2,9 millions de tonnes de CO2 (versus 3,7 millions de tonnes de CO2 pour l’autre scénario). Pour autant, les objectifs de baisse de 34 % d’ici à 2030 et de 80 % de baisse d’ici 2050 conformément à l’accord de Paris entré en vigueur en 2016 ne seraient pas atteints. Selon cet accord, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer de 43 % d'ici 2030 et de 80 % d’ici 2050.
Conclusion de Vanessa Wisnia-Weill, directrice du financement de l’offre de la Caisse nationale de solidarité et autonomie (CNSA) : « L’objectif que la branche autonomie dispose d’un vivier de leviers quantifiés est atteint. D’ici l’été 2024, les équipes de la CNSA vont chiffrer leur impact économique et leur coût de décarbonation. » Il y a du travail : la planification écologique de la nouvelle cinquième branche autonomie de la Sécu prévoit de diminuer les émissions de GES de neuf millions de tonnes d’ici 2050.
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