Universités syndicales : Aurélien Rousseau sur le gril à la CSMF, la Cnam aux abonnés absents au SML

Par
Publié le 05/10/2023
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : S. Toubon

Week-end studieux et politique en vue chez les médecins libéraux : la CSMF et le SML s'apprêtent à réunir leurs cadres syndicaux, respectivement à Arcachon et à La Rochelle, pour leur Université d'été à partir de ce vendredi, dans un contexte conflictuel. 

Ces rituels de rentrée – qui combinent séances de brainstorming, ateliers de travail et tables rondes –  interviennent cette année à une semaine seulement d'un vaste mouvement de grève reconductible le 13 octobre réunissant l’ensemble des syndicats de médecins libéraux. Les six syndicats représentatifs mais aussi le collectif Médecins pour demain, les jeunes généralistes de Reagjir ou encore les syndicats d'internes (Isnar-IMG et isni) ont relayé ces appels à la grève, promettant un conflit dur. 

Rousseau très attendu face aux cadres de la Conf'

Nommé en juillet ministre de la Santé en remplacement de François Braun, Aurélien Rousseau a répondu favorablement à l'invitation de la CSMF. Son intervention vendredi, en fin d'après-midi, est très attendue par les cadres de la CSMF et devrait lui permettre de clarifier ses intentions, en commençant par le cadrage politique des négociations conventionnelles.

En septembre déjà, invité des Libéraux de santé (LDS), une intersyndicale interpro, l'ancien dircab d'Élisabeth Borne a ouvert la porte à une nouvelle hausse de la consultation de référence, un objectif relayé dans nos colonnes par le DG de la Cnam, Thomas Fatôme. Les attentes de la profession sont majeures sur le terrain tarifaire après l'échec des discussions en février et un règlement arbitral a minima, qui n'a entériné qu'un coup de pouce de 1,5 euro sur les consultations. Tous les syndicats réclament des moyens financiers permettant de redonner de l'attractivité à une médecine de ville à bout de souffle, aussi bien en médecine générale que dans les autres spécialités.

Les premiers signaux budgétaires pour 2024 ont mis la profession en alerte. La progression de l'objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam) pour les soins de ville (+3,5 %), certes supérieure à celle de l'hôpital (+3,2 %), reste « trois points sous le niveau de l'inflation, c'est pourquoi tout s'annonce mal », anticipe le Dr Franck Devulder. « On entend à nouveau parler uniquement des déficits, de la dette et du PIB. C'est loin d'être un bon indicateur pour la santé », regrette de son côté la Dr Sophie Bauer, présidente du SML. Aurélien Rousseau, qui a déjà donné quelques signaux aux hospitaliers (avec la pérennisation de la revalorisation des sujétions et des gardes) devrait en tout cas s'employer à rassurer la médecine de ville.  

Au-delà de la convention médicale, la CSMF a placé la question de la financiarisation de la médecine libérale au cœur de son congrès, une autre source d'inquiétude pour certaines spécialités très exposées aux appétits des « financiers ». « L'immense majorité de la biologie médicale est déjà détenue par cinq consortiums, précise le Dr Franck Devulder. Et une OPA est menée par des fonds d'investissement sur des spécialités considérées comme intéressantes sur le plan de la rentabilité, comme la radiologie, l’anatomopathologie, voire la radiothérapie », prévient le gastroentérologue de Reims. Le spécialiste demande à l'État d'intervenir plus clairement pour faire cesser les « dérives perverses de la financiarisation, qui fragilise le système de santé solidaire et l'accès aux soins ».

Lignes rouges et initiatives libérales

De son côté, lors de ses Journées à La Rochelle, le Syndicat des médecins libéraux (SML) appellera ses cadres à débattre du périmètre des métiers. « Il y a une volonté politique de faire du transfert de tâches à tout va en nous laissant les tâches administratives », s'inquiète la Dr Bauer. Face à une « tendance de fond risque de se poursuivre », le syndicat souhaite marquer ses lignes rouges. Si le SML n'est pas opposé à l'interpro, le médecin doit rester le « seul pilote médical », sans démantèlement des compétences ou des métiers. Le syndicat, très méfiant vis-à-vis des modèles « administrés ou juridiquement lourds », défend depuis toujours des modalités « simples et fluides » de coordination interpro

La journée de congrès du vendredi, après la cérémonie d’ouverture, sera suivie d’une présentation des « initiatives libérales » du SML et de tables rondes sur les enjeux politiques, conventionnels et institutionnels. La ministre déléguée aux Professions de santé Agnès Firmin Le Bodo devrait échanger en visio avec les cadres du SML. En revanche, sauf surprise, la Cnam n'a pas envoyé de représentant à La Rochelle, au grand dam de la présidente du syndicat. « On a l'impression que la caisse n'a pas envie de débat contradictoire, regrette la chirurgienne thoracique de Melun. C'est dommage car les médecins avaient de nombreuses questions à poser à l’Assurance-Maladie…  ».


Source : lequotidiendumedecin.fr