Pour les syndicats représentatifs de médecins libéraux, la coupe est pleine. Avec la loi Rist qui prévoit un accès direct à certain paramédicaux, « nous avons dépassé le stade du mépris, nous sommes entrés dans l'ère de l'humiliation », a fustigé, mercredi 25 janvier, le Dr Franck Devulder, président de la CSMF, lors de ses vœux à la presse.
Devant un parterre de journalistes, le représentant de l'organisation syndicale a assuré que la « CSMF refusera sans relâche toute proposition de loi qui irait dans le sens d'une dégradation de la qualité des soins ».
Suspendre toutes les heures supplémentaires
« La proposition de loi Rist va loin, beaucoup trop loin. Les Français doivent en avoir conscience », a-t-il insisté.
Pour montrer qu'ils sont prêts à passer à l'actions, les six syndicats médicaux représentatifs (MG France, CSMF, UFML-S, FMF, SML, Avenir Spé - Le Bloc) ont décidé, ensemble, d'actions communes pour faire entendre leur colère, a annoncé le président de la CSMF, hier.
En plus de suspendre leur participation aux groupes techniques avec l'Assurance maladie, comme annoncé la semaine dernière, les six syndicats de médecins appellent « les médecins à stopper les heures supplémentaires, c'est-à-dire la PDS, le SAS, l'ouverture les samedis matin et les consultations à partir d'une certaine heure le soir ». Une décision prise « à l'unanimité » dans la soirée du mardi 24 janvier lors d'une réunion.
« Nous voulons dire stop, on nous marchait sur les pieds, maintenant on nous marche sur le visage ! », a tempêté le gastro-entérologue, lors de son point presse.
Quelques jours plus tôt, le syndicat MG France avait, lui aussi, appelé au « boycott de la participation à la PDSA, du SAS » ainsi qu'à une fermeture « plus tôt le soir et une fermeture (totale) le samedi matin ».
Une manifestation « unitaire »
Par ailleurs, les six syndicats représentatifs de la profession ont décidé, « à l'unanimité », d'organiser une manifestation « unitaire » pour protester contre la loi Rist.
Celle-ci se tiendra le 14 février devant le Sénat, lieu hautement « symbolique », a estimé le Dr Franck Devulder, alors que le texte sera débattu au même moment dans la chambre haute du Parlement.
Interrogé sur la participation du collectif Médecins pour demain à cette manifestation, le président de la CSMF a assuré : « Même si parfois nos revendications sont différentes, la colère, le mépris et l'humiliation sont ressentis par tous, et ce, toute génération confondue. Aujourd’hui, le but c'est vraiment l'unité », a insisté le praticien.
Alors que les négociations avec l'Assurance maladie patinent, les six syndicats à la manœuvre de la manifestation du 14 février se sont d'ailleurs accordés sur des revendications communes.
Ils réclament ainsi au gouvernement « une enveloppe additive à l'Ondam de ville » dans le cadre de la convention médicale et exigent que le « niveau 1 des consultations ne soit pas assujetti à des contraintes », selon le Dr Devulder. Par ailleurs, ils exhortent le gouvernement que « ce qui relève de la convention (ne soit) pas traité par la loi ».
« Nous sommes intimement convaincus que nos demandes produiront les effets attendus en faveur de l'accès aux soins », a par ailleurs soutenu le Dr Franck Devulder.
Une signature fin février de plus en plus remise en cause
Malgré ce contexte tendu, la CSMF a confirmé sa participation aux séances bilatérales avec la Cnam prévues la semaine prochaine.
« Après deux mois et demi d'attente, la Cnam nous a enfin promis qu'elle avancerait, la semaine prochaine, des tarifs. Mais de vous à moi, je ne suis pas d'un optimisme absolu et je crains qu'on ne soit pas au bout de nos surprises », a toutefois tenu à nuancer le président de la CSMF.
En principe, la convention médicale (pour la période 2023-2028) doit être signée, au plus tard, le 28 février. Mais en l'absence d'entente entre les deux parties, les négociations pourraient être écourtées et finir en règlement arbitral.
« Mais finalement, ne serait-ce pas le jeu de l'Assurance maladie que de nous mettre dans un réglement arbitral ? », interroge le syndicaliste, méfiant. En tout cas, « c'est un jeu dangereux car en passant par un réglement arbitral, on sera tous perdants », a mis en garde le praticien.
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