Comme leurs aînés, les remplaçants et jeunes médecins généralistes ont été touchés par une nette baisse d’activité depuis le début de l’épidémie de coronavirus. 92,4 % des 1 375 répondants à une enquête* menée par ReAGJIR (Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants en France) indiquent ainsi être impactés par la crise du Covid-19.
Selon cette enquête, les remplaçants ont vu leur chiffre d’affaires (CA) diminuer de 41,4 % en mars et de 53,7 % en avril. « Les remplaçants ont souvent un décalage entre le chiffre d’affaires encaissé et les actes effectués le même mois », précise ReAGJIR. En cause, les nombreuses annulations de contrats. Près de sept remplaçants interrogés sur dix (68,3 %) indiquent avoir eu au moins un remplacement annulé en mars et/ou avril. Et ce, alors que pour plus de la moitié (53,6 %) avaient signé un contrat avec un praticien installé. Pour plus de quatre remplaçants sondés sur dix (42,1 %), ce sont même au moins deux remplacements qui ont été annulés.
Les remplaçants toujours exclus de l’aide de la Cnam, une solution toujours « à l’étude »
Pour les jeunes installés, les répercussions sur le CA sont légèrement moins importantes avec une chute de 35,6 % en mars et de 45,6 % en avril. Tous répondants libéraux confondus, la chute est en moyenne de 40 % en mars, et de 52 % en avril. Des chiffres similaires à ceux constatés par la Cnam et les syndicats seniors.
Si les remplaçants ont été touchés dans des proportions similaires à leurs confrères, ceux-ci ne bénéficient pas du même soutien financier. Ils sont ainsi exclus du mécanisme d’indemnité de l’Assurance maladie entériné — et lancé — fin avril. Dans un entretien accordé au Quotidien du Médecin, le directeur général de l'Assurance maladie, Nicolas Revel, avait assuré « étudier la situation particulière des remplaçants » mais avait souligné que la Cnam n'avait pas connaissance de leurs revenus. Jointe ce mardi, la caisse a indiqué au Généraliste qu’elle « [continuait] d’étudier la question ». Ce que confirme le Dr Laure Dominjon, présidente de ReAGJIR.
Fin avril, celle-ci relevait également que les remplaçants n’étaient pas tous éligibles à l’aide allant de 1 500 à 3 500 euros mise en place par le gouvernement pour venir en aide aux entreprises libérales dont le chiffre d’affaires a chuté de plus de la moitié par rapport à l'an dernier. Depuis, « les modalités ont été revues pour qu’on puisse utiliser le CA mensuel moyen sur 2019, mais cela reste compliqué pour ceux qui ont commencé à remplacer en fin d’année », note la présidente de ReAGJIR.
Quant à l’aide de 2 000 euros annoncée par la Carmf ce dimanche, « celle-ci est toujours la bienvenue » mais ne profite qu’aux remplaçants thésés, souligne le Dr Dominjon. Les non thésés, qui représentent d’après elle une partie « non négligeable » des remplaçants, « n’ont toujours pas plus de solutions », pointe-t-elle.
Une méconnaissance des aides
À cette différence de traitement s’ajoute une méconnaissance des aides auxquelles les jeunes installés et remplaçants peuvent prétendre. L’enquête de ReAGJIR révèle ainsi que « les répondants au sondage sont nombreux à ne pas avoir eu recours au Fonds de Solidarité » du gouvernement alors que « le CA de 52,4 % d’entre eux avait baissé en mars de plus de 50 %, et 72,6 % en avril ». De même, seulement 2,6 % des répondants cotisant à la Carmf ont sollicité les aides prévues par la caisse de retraite (report de cotisations, Fonds d’Action Sociale) en mars, et 4,3 % en avril.
« Sur l’ensemble des répondants seulement 31 personnes ont sollicité leur prévoyance et ils sont 147 à avoir indiqué ne pas avoir de prévoyance du tout, soit 10,4 % des répondants », note également ReAGJIR.
Pour sa présidente, cette méconnaissance des aides est notamment due à l’exclusion des remplaçants des « réseaux d’information classique des institutions » (Cnam, URPS, conseils de l’Ordre) et à la multitude d’informations ayant circulé pendant la crise (recos, échanges entre confrère sur des cas).
Peu de contrats de remplacement signés pour l'été
Déplorant qu’aucune aide ne soit destinée spécifiquement aux remplaçants, le Dr Dominjon espère que des « médecins installés lèveront un peu le pied et auront recours au remplacement cet été », malgré l’incertitude entourant l’évolution de l’épidémie. « En dehors de la baisse d’activité, il y a eu une charge émotionnelle importante pour tout le monde », appuie-t-elle.
Car si les installés commencent, selon elle, à constater une reprise d’activité, le Dr Dominjon affirme que peu de contrats de remplacements ont été conclus pour la période juillet-août. « Avec plusieurs mois de vaches maigres, cela va être très compliqué pour des remplaçants, qui ont peu de trésorerie », alerte-t-elle.
*Enquête en ligne menée du 24 avril au 9 mai auprès de 993 Remplaçants et 382 Installés depuis moins de 5 ans
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