Un outil de détection du cancer de l'ovaire

Les subtilités du dosage de l'antigène CA125

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Publié le 14/11/2019
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Pour détecter le cancer de l’ovaire, le dosage sanguin de l’antigène tumoral CA 125 s’avère plus prédictif qu’on ne le pensait, en médecine générale, chez les femmes qui ont des symptômes évocateurs, selon une étude britannique présentée à la conférence du National Cancer Research Institute, à Glasgow.
Si le taux du CA 125 est anormal, une échographie pelvienne est prescrite

Si le taux du CA 125 est anormal, une échographie pelvienne est prescrite
Crédit photo : Phanie

En médecine générale, il est recommandé d’effectuer un dosage de l’antigène CA 125 (Cancer antigen 125) chez les femmes présentant des symptômes évocateurs de cancer de l’ovaire (douleur abdominale inexpliquée et persistante, doute à la palpation…). Cette molécule – libérée entre autre par les cellules tumorales de l’ovaire – est en effet un marqueur de ce type de cancer mais aussi d’autres cancers tels que celui de l’utérus, du poumon ou du pancréas et de certaines situations non cancéreuses (inflammation pelvienne, règles, grossesse…). On considère que le taux de CA 125 est anormal lorsqu’il se situe au-dessus de 35 U/ml.

« Il est important que les médecins généralistes disposent d’outils efficaces pour détecter précocement le cancer de l’ovaire et s’assurer que les patientes sont correctement et rapidement orientées, précise le Dr Garth Funston, de l’université de Cambridge au Royaume-Uni. Nous avons en effet observé que la majorité des femmes ayant été diagnostiquées pour un cancer de l’ovaire l’ont été au stade avancé, lorsque le traitement est plus difficile. Résultat : cinq ans après le diagnostic, moins de la moitié d’entre elles sont encore en vie. »

Une valeur prédictive en évolution

Le 5 novembre 2019, à la conference du National Cancer Research Institute (NCRI), à Glasgow, en Écosse, le Dr Garth Funston a présenté les résultats d’une étude rétrospective portant sur plus de 50 000 femmes testées pour le CA 125 en médecine générale. Les chercheurs ont identifié les cancers de l’ovaire diagnostiqués chez ces femmes dans les 12 mois suivant le test : sur 50 780 patientes testées, 456 (0,9 %) ont eu un cancer de l’ovaire dans l’année suivante. Dans le groupe des moins de 50 ans (n = 19 694), ce pourcentage était de 0,4 %, tandis que dans le groupe de femmes âgées de 50 ans ou plus, le pourcentage s’élevait à 1,2 %.

Les chercheurs ont alors calculé qu’un taux de CA 125 anormal (plus de 35 U/ml) est associé à une probabilité de 10 % d’avoir un cancer de l’ovaire. Cette valeur prédictive positive pour le seuil standard (VPP seuil) est bien supérieure à ce que l’on pensait. « En 2011, la VPP du cancer de l’ovaire avait été estimée à 0,81 % », note le Dr Funston. Chez les moins de 50 ans, la VPP du cancer de l’ovaire est de 3,4 %, tandis qu’elle s’élève à 15 % pour les femmes de 50 ans ou plus.

L’équipe a ensuite estimé la probabilité d’avoir un cancer de l’ovaire pour chaque taux du CA 125 (VPP point). Si le taux s’élève à 76 U/ml chez les femmes âgées de moins de 50 ans, ou à 41 U/ml seulement chez les femmes âgées de 50 ans ou plus, la probabilité d’avoir un cancer de l’ovaire est de 3 % (VPP point). Il s’agit de la probabilité à partir de laquelle l’Institut de la santé du Royaume-Uni recommande une exploration médicale d’urgence.

Aide à la bonne pratique

« Pour l’instant, si le taux du CA 125 est anormal, une échographie pelvienne est prescrite mais pas nécessairement de façon urgente, explique le Dr Funston. Je pense que l’on peut maintenant considérer que si une femme présente une VPP de 3 %, nous devrions réaliser en urgence une échographie ou l’orienter vers un spécialiste ».

Une seconde étude, menée sur la même cohorte, montre que dans l’année suivant le dosage du CA 125, il est plus fréquent de diagnostiquer un cancer non ovarien qu’un cancer de l’ovaire. Une femme âgée de 50 ans ou plus a en outre une probabilité de 17 % d’avoir un cancer non ovarien lorsque son CA 125 est anormal (probabilité qui n’est que de 2,8 % pour un CA 125 normal). La plupart de ces cancers concernent les poumons, l’abdomen et le pelvis. « Cette étude montre que les femmes symptomatiques de plus de 50 ans et présentant des taux élevés de CA 125 ont souvent d’autres types de cancer. Les généralistes doivent en être conscients pour s’assurer que ces cancers sont bien détectés », souligne le Dr Funston.

G. Funston et al., Conference du National cancer research institute 2019 à Glasgow, Abstracts 2031 et 2935

Dr Véronique Nguyen

Source : Le Quotidien du médecin